Une semaine après l’incendie ayant ravagé un immeuble de la place D’Youville, dans le Vieux-Montréal, plusieurs questions demeurent en suspens. Quatre corps ont jusqu’ici été retrouvés, mais trois autres victimes manquent toujours à l’appel.

Pour l’heure, une seule victime du brasier du Vieux-Montréal a officiellement été identifiée. Il s’agit de Camille Maheux, une photographe de 76 ans qui demeurait dans l’édifice depuis 30 ans.

PHOTO YVES TREMBLAY LES YEUX DU CIEL, COLLABORATION SPÉCIALE

Les restes du bâtiment incendié

Si les trois victimes manquant toujours à l’appel sont trouvées dans les prochains jours, le bilan total des décès liés à cet incendie serait alors de sept victimes. Pour trouver un incendie plus mortel dans la métropole, il faut remonter il y a presque 50 ans, plus précisément au mois de janvier 1975.

Le 21 janvier de cette année-là, Richard Blass, surnommé Le Chat, était entré au bar Gargantua. Plusieurs clients et son gérant avaient ensuite été tués, avant que le commerce ne soit incendié. Au total, 13 personnes ont péri dans cet incendie. Blass s’était évadé du pénitencier Saint-Vincent-de-Paul trois mois plus tôt. Après une vaste chasse à l’homme, le 24 janvier 1975, il avait été abattu de plusieurs rafales de balles par la police, à Val-David, dans les Laurentides.

Les incendies faisant autant de victimes sont plutôt rares. En fait, Montréal déplore en tout une douzaine de morts en moyenne par année en raison du feu. Les plus récentes données du Service de sécurité incendie de Montréal (SIM) font état de 12 décès attribuables à un incendie en 2022, 13 en 2021, 13 en 2020 et 12 en 2019. L’année la plus meurtrière à ce jour est 2011, avec 17 décès dans des incendies.

En 2021, les causes les plus fréquentes des incendies étaient des articles de fumeurs (3) ou encore un problème électrique (2). Les causes de cinq brasiers sont demeurées « indéterminées », et trois évènements sont classés dans la catégorie « Autres ». Les enquêtes autour d’incendies provoquant des morts sont habituellement confiées au SPVM, surtout lorsque des éléments criminels sont décelés.

L’incendie a aussi relancé les débats cette semaine sur la location Airbnb, puisque plusieurs personnes portées disparues dans l’incendie avaient loué leur logement sur l’application, alors que ce type de location est illégal dans le Vieux-Montréal. Jeudi, la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, a tenu une rencontre « serrée » avec les dirigeants de la plateforme.

Dans la foulée, Airbnb a annoncé qu’elle retirera de ses pages tous les logements qui n’affichent pas de numéro d’enregistrement de la Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ), et ce, dans toute la province, comme l’ont demandé cette semaine Québec, la Ville de Montréal et d’autres municipalités. Celles-ci ont aussi réclamé plus d’inspecteurs de Québec.

Un bilan plus lourd peu probable

Bien qu’elle reste « toujours une possibilité », l’éventualité de trouver plus de sept victimes dans les décombres de l’immeuble du Vieux-Montréal ravagé par un grave incendie est pour le moins « improbable » à ce stade-ci de l’enquête, a soutenu vendredi la police de Montréal.

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Martin Guilbault, chef de division au Service de sécurité incendie de Montréal, et l’inspecteur David Shane du SPVM.

« On n’a aucune information [selon laquelle] des victimes additionnelles se trouveraient dans les décombres », a tranché en matinée l’inspecteur David Shane, porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal, en point de presse. « C’est toujours une possibilité, mais à ce stade-ci, ça nous semble improbable », a-t-il certifié.

Plus tôt cette semaine, mercredi, une première victime de l’incendie de l’immeuble de la place d’Youville a été identifiée : Camille Maheux, une photographe de 76 ans qui habitait l’édifice depuis 30 ans. Le même jour, la police a aussi confirmé en soirée avoir extirpé deux autres corps des décombres de l’édifice.

Un deuxième corps avait été localisé, puis extirpé du bâtiment mardi dernier. Son identité n’a toutefois pas été encore confirmée. Avec les deux corps découverts mercredi soir, il y aurait donc encore trois personnes disparues parmi les décombres de l’édifice.

« Augmenter la cadence »

Depuis peu, l’arrivée d’une deuxième grue a permis aux 20 pompiers et autres patrouilleurs « d’accélérer le travail de recherches ». « Ça nous a permis de retirer de grosses pièces instables, notamment des poutres d’acier et des grandes parties du toit. Ça nous permettra d’explorer plus en profondeur le bâtiment », a expliqué le chef de division du Service de sécurité incendie de Montréal (SIM), Martin Guilbault.

Ce dernier soutient que l’objectif est « d’augmenter la cadence » des fouilles, tout en assurant la sécurité des intervenants, qui travaillent systématiquement « au-dessus » des risques d’effondrement. « On pense qu’on pourrait être en mesure de sauver la façade du bâtiment », a également évoqué M. Guilbault. Pour le reste, les démarches d’identification pour les trois autres victimes retrouvées se poursuivent, mais il n’est toujours « pas possible de fournir une estimation du temps » que le processus prendra, selon M. Shane.

Trois conditions doivent d’abord être remplies, a-t-il rappelé : l’identification doit d’abord avoir été confirmée par deux méthodes distinctes, dont au moins une est scientifique, et des expertises doivent avoir été réalisées. Enfin, la famille doit avoir été informée. D’ailleurs, les points de presse sur l’état des recherches ne seront plus nécessairement faits sur une base quotidienne. Ils seront tenus seulement « lors de développements significatifs ».