Une première victime de l’incendie de l’immeuble de la place d’Youville, dans le Vieux-Montréal, a été identifiée par les autorités mercredi. Il s’agit de Camille Maheux, une photographe de 76 ans qui habitait l’édifice depuis 30 ans. La police a aussi confirmé en soirée avoir extirpé deux autres corps des décombres de l’édifice.

L’inspecteur David Shane, porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), avait d’abord confirmé l’identité de Mme Maheux lors d’un bref point de presse en après-midi devant l’édifice incendié, où les recherches de victimes se poursuivent toujours. Le corps de Mme Maheux, qui manquait à l’appel depuis plusieurs jours, avait été retrouvé par les secours dès dimanche dernier.

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Martin Guilbault, chef de division au Service de sécurité incendie de Montréal, et David Shane, inspecteur au SPVM

Son identification a été officialisée par le Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale (LSJML), en collaboration avec la coroner Me Géhane Kamel. « La famille de la victime a été informée par les enquêteurs. Nous sommes de tout cœur avec vous », a insisté M. Shane, en indiquant qu’un autre point de presse devrait être tenu par le SPVM en début de journée, jeudi.

En fin de soirée, mercredi, l’agent Julien Lévesque, relationniste médias au SPVM, a ensuite confirmé que les équipes de recherche sont parvenues à localiser une troisième ainsi qu’une quatrième victime, « et à les extriper de l’immeuble ». « Les corps de ces victimes ont été confiés aux pathologistes du LSJML, afin que leurs experts procèdent au travail d’identification », a précisé M. Lévesque, sans s’avancer davantage.

Rappelons qu’un deuxième corps avait été localisé, puis extirpé du bâtiment mardi dernier. Son identité n’a toutefois pas été encore confirmée. Avec les deux corps découverts mercredi soir, il y aurait encore trois personnes disparues parmi les décombres de l’édifice.

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Camille Maheux, âgée de 76 ans, habitait l’édifice depuis une trentaine d’années. Elle était photographe de profession.

À ce stade-ci, la police montréalaise affirme qu’elle ne fournira pas plus de détails sur les circonstances précises ayant mené à la localisation de Mme Maheux, « par respect pour ses proches ». En règle générale, l’identification formelle d’une victime nécessite toutefois « deux facteurs : soit l’ADN ou une fiche dentaire », a détaillé l’inspecteur Shane.

Photographe documentaire, Camille Maheux travaillait principalement depuis Montréal, mais aussi au Brésil depuis 1982, où elle couvrait notamment le 1º Festival Nacional de Mulheres nas Artes à São Paulo. Membre de Plessisgraphe (1975-1985), un atelier de photographie des années 1970 et 1980, elle a également participé à de nombreuses expositions au Canada, au Brésil, en France et en Italie, en plus d’avoir publié ses clichés dans plusieurs revues et magazines.

Mercredi, Robert Laca, grand-père de Charlie Lacroix, l’une des personnes manquant toujours à l’appel, s’est exprimé devant les caméras. « C’est toujours la même chose. C’est l’enfer. Je ne suis pas capable d’accepter ça, parce que ce n’est pas normal qu’on ait vécu une situation comme ça. Il y a eu des choses qui se sont passées et il va falloir qu’il y ait une enquête exhaustive. […] Pour l’instant, je veux juste qu’elle sorte de là », a dit l’homme, qui se présente quotidiennement sur les lieux des fouilles.

« Chaque jour sera un nouveau défi »

Dans une vidéo publiée sur Reddit, mercredi, on aperçoit d’ailleurs l’un des appartements qui étaient en location dans l’immeuble incendié. « C’est un peu bizarre parce qu’il n’y a aucune fenêtre. […] C’est le seul truc un peu louche », lance un jeune homme, qui tournait alors une visite des lieux pour un proche.

Quant à la suite dans ce dossier, a rappelé David Shane, « chaque jour sera un nouveau défi ». « Il y aura des jours plus faciles et d’autres plus difficiles. […] On s’attend à tout dans cette enquête », a-t-il raisonné.

Si les premières recherches se sont concentrées dans des secteurs de l’immeuble « plus facilement accessibles », les fouilles devraient bientôt se diriger vers les étages inférieurs.

« On va devoir utiliser de plus en plus d’outils pour aller atteindre ces étages-là. On progressera au fur et à mesure, en fonction des risques d’effondrement », a insisté M. Shane, en rappelant que les équipes s’affairent déjà à « retirer des morceaux de débris » pour progresser davantage.

Les cheminées de l’immeuble devraient également être retirées prochainement, afin d’accélérer les recherches. « [Nous resterons] aussi longtemps qu’il le faut », a conclu M. Shane, en réitérant ses sincères condoléances à la famille et aux proches de Camille Maheux.