Une ex-douanière condamnée à 11 ans de pénitencier pour avoir facilité l’importation de 182 kilos de cocaïne au poste frontalier de Lacolle en 2014 avoue aujourd’hui son implication dans ce complot d’envergure. Elle souhaite profiter de sa semi-liberté chez elle, et non en maison de transition.

« Ça a été la honte, je ne pouvais pas faire face à ma famille. J’ai gardé le secret pendant longtemps. Je l’ai tellement mis dans la tête que j’y croyais », a expliqué Stéfanie McClelland, jeudi, lors de sa première audience devant la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC).

« Plus jamais je ne vais recommencer, ça, je suis certaine à 100 % », a-t-elle confié, avec émotions.

L’ex-douanière a été déclarée coupable de contrebande, d’importation de cocaïne et d’abus de confiance par un jury en mai 2017. Détenue depuis 2020, après avoir été déboutée en appel, elle est maintenant admissible à la semi-liberté. Elle sera ensuite admissible à la libération conditionnelle totale dans six mois.

Alors douanière depuis une dizaine d’années, Stéfanie McClelland s’est liée d’amitié en 2011 avec le trafiquant Soninder Dhingra, connu sur un site de rencontres. Au fil des années, la douanière a reçu de généreux cadeaux de la part de Dhingra, comme une luxueuse bague en émeraude ou une chaîne en argent.

Trois ans plus tard, en décembre 2014, une BMW arrive à la guérite Nexus de Stéfanie McClelland au poste frontalier de Lacolle. À l’arrière, on y trouve 182 kilos de cocaïne : un magot de 6 à 10 millions de dollars. Même si le chauffeur n’a pas de carte Nexus et qu’un avis de guet en rouge apparaît à l’écran, la douanière laisse le véhicule passer, sans vérifier les passeports. Le véhicule sera toutefois rapidement intercepté.

« Je l’ai nié au procès. Mais j’ai vu sur l’écran que c’était marqué pour la drogue », a-t-elle avoué aux commissaires jeudi. « Tous les morceaux de casse-tête se sont mis ensemble, je l’ai laissé passer. J’avais une bonne idée de ce qui était pour suivre », a-t-elle poursuivi.

Cependant, Stéfanie McClelland maintient qu’elle ignorait que le véhicule transportait de la cocaïne. Son complice lui avait seulement parlé de « lingots d’or ». « Quand il m’a demandé pour les lingots d’or, ma pensée était, bof des lingots d’or, ça ne fait pas de mal à personne », a-t-elle expliqué.

« Pensez-vous vraiment que c’était seulement des lingots ? », a alors insisté la commissaire.

« Au fond de moi, oui », a soufflé la délinquante.

Stéfanie McClelland explique son passage à l’acte par son « désir de toujours plaire », son incapacité à dire « non » aux gens et une série de mauvaises décisions.

« Vous n’avez jamais vu venir que cette personne [Soninder Dhingra] vous exploitait et vous demandait des affaires ? », s’est questionné la commissaire Karine Dutil.

« Je ne posais pas de questions, je ne voulais pas le savoir. Il avait une importance pour moi », a rétorqué Stéfanie McClelland. Son incarcération lui a toutefois fait comprendre l’importance de « mettre ses limites » et de ne pas prendre de décisions « sans réfléchir ».

Stéfanie McClelland profite depuis déjà plusieurs mois de permissions de sortir avec escorte, et même sans escorte. Elle est ainsi déjà sortie une centaine de fois pour des périodes de huit heures, afin de voir ses proches ou travailler. Son potentiel de réinsertion sociale est jugé « élevé ». Elle souhaite travailler et s’occuper de sa mère et de ses quatre enfants.

Stéfanie McClelland demande ainsi de bénéficier de sa période de semi-liberté à domicile, au lieu de se trouver dans un établissement de transition. « Elle sort presque tous les jours, ça la ferait reculer dans sa réinsertion sociale », a fait valoir son avocate.

Les commissaires ont pris la décision en délibéré.