Un enseignant au primaire a agressé sexuellement cinq fillettes et jeunes adolescentes sur une période de cinq ans. Les signaux d’alarme étaient pourtant nombreux. Véritable prédateur, Dominic Blanchette tissait sa toile autour de ses proies dès leur plus jeune âge.

La salle d’audience du palais de justice de Montréal était bondée, mardi matin. Plusieurs victimes étaient présentes pour assister à la reconnaissance de culpabilité de Dominic Blanchette, menottes aux pieds dans le box des accusés.

Le pédophile de 28 ans a plaidé coupable à sept chefs d’accusation de contacts sexuels sur quatre mineures, de possession de pornographie juvénile, de leurre informatique et d’exploitation sexuelle. Il a également été déclaré coupable, par voie sommaire, d’un chef de contact sexuel sur une cinquième victime.

Le volumineux résumé des faits lève le voile sur le sordide modus operandi de Dominic Blanchette pour séduire et agresser ses victimes. De 2017 à 2022, il a sévi à deux écoles primaires, les écoles Carignan et Adélard-Desrosiers de Montréal-Nord, ainsi qu’au camp de vacances Tim Hortons.

Étonnamment, il était connu dans ces écoles que le jeune enseignant entretenait une relation « de proximité » avec les fillettes et qu’il était « tactile » avec celles-ci. Il était souvent vu en train de leur tenir la main ou de leur faire des câlins pendant la récréation. Il leur disait parfois qu’il les aimait. Il était leur « confident ».

Selon la preuve présentée à l’enquête sur remise en liberté, une responsable d’un service de garde a affirmé que Blanchette arrêtait toujours à son local pour faire des câlins à deux petites filles. Il faisait également des câlins à une fillette de 5 ans de la maternelle. Notons que l’accusé n’a pas admis ces faits.

Au camp Tim Hortons, Dominic Blanchette a reçu des avertissements pour s’être retrouvé seul avec des jeunes filles sur son lit, ce qui était interdit. Une enseignante chaperon était intervenue pour faire sortir les élèves de sa chambre en mai 2022, selon la preuve de l’enquête sur remise en liberté. Dominic Blanchette profitait de ces sorties au camp pour agresser sexuellement ses victimes.

Un signalement anonyme a même été fait contre Dominic Blanchette, alors qu’il était enseignant en 6année à l’école Carignan de Montréal-Nord. La personne avait surpris une « conversation inquiétante » entre l’enseignant et une jeune fille de 12 ans, Ève*. L’enquête a été menée par la police de Laval en 2018, mais n’a mené à aucune accusation. Il s’en est tiré avec un avertissement. Ève a refusé d’incriminer son professeur, a-t-on appris à l’enquête sur remise en liberté.

Sous son joug pendant cinq ans

Ève a été sous le joug de Dominic Blanchette pendant cinq ans. La fillette très vulnérable l’a rencontré en 6année du primaire, alors qu’il était stagiaire à l’école Carignan. Au fil des années, ils ont échangé plus de 5500 courriels au contenu sexuellement explicite. À une occasion, il a même souhaité qu’elle rencontre ses parents et qu’ils forment un couple.

Alors qu’Ève était en 3e secondaire, Dominic Blanchette l’a embrassée dans son véhicule. Ils ont plus tard été interceptés par les policiers, mais l’adolescente a inventé une excuse. Au total, ils ont échangé de trois à quatre baisers. Une autre fois, Blanchette a invité la victime de 15 ans chez lui, où ils ont eu des contacts sexuels.

Daniela* était en 5année du primaire quand les attouchements ont commencé. Dominic Blanchette était son entraîneur de basketball. Presque chaque soir, il allait la chercher au service de garde et l’amenait dans sa classe. Jaloux, il reprochait à la fillette de 11 ans de le « délaisser » en fréquentant un copain de son âge.

Au camp Tim Hortons, en 2019, Dominic Blanchette s’est arrangé pour que la fillette soit dans son dortoir et en a profité pour l’agresser sexuellement. Daniela a ensuite abandonné l’équipe de basketball.

Béatrice* avait 12 ans quand Dominic Blanchette lui a déclaré son amour. Elle était en 6année. L’enseignant lui envoyait des messages du matin jusqu’au soir pour lui parler de ses rêves érotiques et de ses scénarios sexuels. Quand Béatrice a tenté de se distancer, il lui a dit qu’elle aurait sa mort sur sa conscience.

En plein cinéma, Dominic Blanchette a tenté de toucher le sein de Béatrice, alors qu’elle était avec des amies. À une autre occasion, il a tenté d’embrasser la jeune adolescente en lui prenant la tête, mais elle a détourné le visage. L’enseignant lui a également envoyé une photo de son pénis.

Dominic Blanchette se disait « en amour » avec Tania*, une jeune adolescente. Entre 2021 et 2022, ils s’échangeaient des photos et des vidéos érotiques. Ils ont eu des rapports sexuels lors d’une sortie au camp Tim Hortons. L’enseignant est même allé jusqu’à toucher un sein de Tania pendant le visionnement d’un film en classe.

C’est la mère de Tania qui a causé la perte de Dominic Blanchette en découvrant des messages textes de sa fille. Sa plainte à la police a mené à l’arrestation de l’enseignant. Puis, la médiatisation de l’affaire a incité d’autres victimes à se confier aux enquêteurs. Notons que des messages de Dominic Blanchettes avec d’autres jeunes filles ont été trouvés dans son cellulaire, mais n’ont mené à aucune accusation.

Les observations sur la peine auront lieu en juillet, puisque la procureure de la Couronne, MAnnabelle Sheppard, et l’avocate de la défense, MLaurence Juillet, ne s’entendent pas sur la peine à imposer. La juge Mélanie Hébert a demandé la confection d’un rapport présentenciel et d’une expertise sexologique.

Son modus operandi auprès des victimes

  • Il établit une relation de proximité avec elles sur les réseaux sociaux.
  • Il leur écrit des « je t’aime ».
  • Il leur fait sentir qu’elles sont « spéciales ».
  • Il les complimente sur leur corps.
  • Il les amène manger au restaurant.
  • Il reste avec elles après les heures de classe.
  • Il menace de se suicider lorsqu’elles tentent de couper les ponts.

*Prénoms fictifs