Le chauffeur qui a fait deux morts et six blessés en fonçant dans une garderie de Laval avec un autobus, mercredi matin, a été accusé de deux meurtres au premier degré, de tentative de meurtre, de voies de fait grave et de voies de fait. En soirée, des peluches et bouquets de fleurs se sont accumulés sur les lieux du drame, en mémoire des victimes.

Ce qu’il faut savoir

  • Vers 8 h 30, mercredi, un autobus de la Société de transport de Laval a foncé sur une garderie du quartier Sainte-Rose ;
  • Le chauffeur Pierre Ny St-Amand a été arrêté peu de temps après l’évènement et a été accusé en fin d’après-midi de meurtres au premier degré, de tentative de meurtre en fonçant dans un immeuble avec un autobus, de voies de fait grave et de voies de fait.
  • Deux jeunes enfants sont morts. Six autres ont été transportés à l’hôpital, mais on ne craint pas pour leur vie.
  • Le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, la ministre de la Famille, Suzanne Roy, et le député de la circonscription de Sainte-Rose, Christopher Skeete, ont quitté Québec pour se rendre sur les lieux.

Le drame est survenu autour de 8 h 30, dans le quartier Sainte-Rose, au moment où plusieurs enfants arrivaient à la garderie pour commencer la journée. Le chauffeur du bus de la Société de transport de Laval (STL) a été arrêté peu après l’évènement et a été rencontré par les enquêteurs au courant de l’après-midi.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Il s’agit de Pierre Ny St-Amand, un homme de 51 ans sans antécédents criminels. En fin d’après-midi, l’homme a été formellement accusé en tout de neuf chefs d’accusation.

Il a comparu par visioconférence au palais de justice de Laval alors qu’il était hospitalisé à l’hôpital Sacré-Coeur-de-Montréal. Selon le policier qui se trouvait dans la chambre d’hôpital avec lui, M. Ny St-Amand a frappé l’agent pendant la comparution parce qu’il était « fâché ». Une demande d’évaluation psychiatrique a été faite par le médecin de l’hôpital pour évaluer son degré de dangerosité.

M. St-Amand doit comparaître à nouveau le 17 février prochain. Il sera transféré dans un établissement carcéral pour la suite des procédures judiciaires.

PHOTO TIRÉE DE FACEBOOK

Pierre Ny St-Amand

Les motivations ayant mené au massacre ne sont pas encore connues en fin de soirée. M. Ny St-Amand n’a pas d’antécédents criminels. Selon nos informations, plusieurs heures après le drame, les policiers n’avaient toujours pas trouvé de lien entre le suspect et la garderie et ne comprenaient toujours pas ce qui l’avait poussé à passer à l’acte.

Fait à noter : la garderie en question se situe au bout d’une longue rue résidentielle et commerciale, qui culmine par un rond-point et une ligne de chemin de fer. Pour foncer dans la garderie, le chauffeur de l’autobus a donc dû rouler jusqu’au rond-point, pour ensuite bifurquer à droite vers le stationnement, au bout duquel se trouve l’établissement.

Il y avait au moins une caméra dans l’autobus qui aurait filmé la scène. Les policiers ont, selon nos sources, obtenu un mandat afin d’obtenir et de visionner cette vidéo.

Des morts et des blessés

Plus tôt dans la journée, la police de Laval a confirmé que deux jeunes enfants sont morts des suites de la collision, tandis que six autres ont été transportés à l’hôpital. On ne craindrait toutefois pas pour leur vie. Au total, huit personnes ont été transportées en ambulance.

Plusieurs services d’urgence étaient sur place mercredi matin devant la garderie éducative Ste-Rose, qui est située sur la terrasse Dufferin, non loin de la rue Sénécal. Une cellule d’urgence a aussi été mise sur pied, avec une série d’intervenants pouvant venir en aide aux jeunes et aux parents affectés par le drame.

On ignore encore si le chauffeur était officiellement en poste, au moment du drame.

Au fur et à mesure de l’avancement de la soirée, des bouquets de fleurs et des peluches se sont accumulés sur les lieux du drame, portés par des familles et des passants bouleversés. « C’est indescriptible comment on se sent », a témoigné Mélanie Guérard. Sa fille Kelly-Ann, âgée de deux ans et dix mois, fréquente cette garderie. Elle se trouvait dans un autre groupe au moment de la tragédie et a évité le pire. « Depuis ce matin, on n’arrête pas de pleurer, poursuit la mère, encore sous le choc. On n’arrive pas à manger. »

« En 25 ans, je n’ai jamais vu ça »

Quatre enfants d’âge préscolaire, deux garçons et deux filles sont hospitalisés au CHU Sainte-Justine. Un d’entre eux est aux soins intensifs, tandis que les trois autres sont en évaluation.

Les petits patients sont arrivés conscients en centre hospitalier, mais certains d’entre eux ont subi des traumatismes. « Leur santé est évidemment atteinte, mais leur vie n’est pas en jeu au moment où on se parle », a indiqué en mêlée de presse, le DMarc Girard, directeur des services professionnels du CHU Sainte-Justine. Leur état psychologique sera évalué dans les prochaines heures.

« On est dans le premier 24 heures. Bien entendu, l’évolution est difficile à prévoir chez des enfants, mais nous comptons offrir les meilleurs soins à ces enfants-là et leur permettre de récupérer le plus rapidement pour qu’ils puissent reprendre leur vie normale », a-t-il ajouté.

Une mobilisation complète du personnel a eu lieu en matinée dans le centre hospitalier pour être en mesure de recevoir les jeunes blessés. Les urgences, le bloc opératoire, ainsi que les unités d’hospitalisations et d’imagerie étaient prêts à recevoir les victimes. « Notre priorité était de sauver ces patients-là », dit le DGirard.

Les patients qui avaient besoin de soins immédiats ont été amenés dans un centre hospitalier à proximité des lieux du drame.

Vers 10 h, trois ambulances et un véhicule du Service de police de Laval étaient à l’entrée des urgences du CHU Sainte-Justine. L’hôpital, qui est le centre désigné de traumatologie pédiatrique, a accueilli les jeunes victimes « présentant des blessures graves et nécessitant des soins urgents », a déclaré la conseillère en relations médias CHU Sainte-Justine, Justine Mondoux-Turcotte.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Vers 10 h, trois ambulances et un véhicule du Service de police de Laval étaient à l’entrée des urgences du CHU Sainte-Justine.

Des employés du CHU Sainte-Justine, rencontrés à la sortie de l’hôpital lors de leur pause, étaient bouleversés par la nouvelle. « On vient d’apprendre ça, c’est épouvantable. Ce sont des enfants », laisse tomber l’une d’elles. « En 25 ans, je n’ai jamais vu ça. Ils ont appelé tous les bénévoles de l’établissement pour qu’ils se rendent à l’urgence », renchérit son collègue à ses côtés.

Avec Daniel Renaud