Bientôt libéré d’office, le Hells Angels Daniel André Giroux, que les autorités considèrent comme violent et dangereux, n’a pas réussi à empêcher que lui soient imposées plusieurs conditions spéciales. Il annonce même déjà son intention de ne pas respecter au moins l’une d’entre elles.

Giroux, 52 ans, membre des Hells Angels de la section de Montréal, a été condamné à sept ans d’emprisonnement en juillet 2021 après avoir plaidé coupable à des accusations de gangstérisme et trafic de stupéfiants.

Mais en soustrayant la période passée en détention préventive, qui est calculée en temps et demi, il lui restait deux ans et demi à purger, et il est donc libéré aux deux tiers de sa peine comme le veut la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition.

Mais parce qu’ils jugent que le motard représente un risque pour la société, les commissaires canadiens des libérations conditionnelles lui imposent des conditions sévères ; Giroux devra demeurer en maison de transition, divulguer toutes ses transactions financières, ne pas communiquer avec tout individu impliqué dans une organisation criminelle ou ayant des antécédents criminels, et il ne pourra fréquenter les débits de boissons et consommer drogues et alcool.

Les Hells : une famille

Mais en décembre dernier, Giroux a fait des représentations écrites aux autorités dans lesquelles il affirmait notamment que la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC) n’avait pas la compétence de lui imposer des conditions spéciales sans son consentement, qu’une assignation à résidence était illégale et violait la Charte canadienne des droits et libertés, qu’il n’existe pas de loi en vigueur qui permette d’imposer des conditions spéciales et « qu’il ne consent pas et ne consentira en aucun » cas à la divulgation financière imposée.

La CLCC a toutefois rétorqué qu’elle a exercé sa juridiction en conformité avec la loi et que Giroux présentait « une propension importante à utiliser la violence ».

La Commission a également souligné que Giroux ne veut pas quitter les Hells Angels, qu’il considère comme « une famille », qu’il a déjà possédé des armes à feu dans le passé en dépit d’interdictions, et qu’il a n’a pas respecté les règles en institutions carcérales, que ce soit durant sa première sentence fédérale ou durant celle toujours en cours.

14 manquements en trois ans

Ainsi, les autorités carcérales ont noté 14 infractions commises entre 2019 et 2021, dont trois fois pour avoir eu en sa possession un cellulaire ou du tabac, six fois pour avoir tenu des propos injurieux envers le personnel et une fois pour avoir eu en sa possession 13 grammes de cannabis.

Giroux a aussi refusé deux fois de se soumettre à un test d’urine en septembre et novembre 2022, et les agents correctionnels ont découvert plus de 24 grammes de THC sous plusieurs formes, dont des bonbons, lors d’une visite privée au pénitencier.

Une autre fois, alors qu’il était en isolement médical, un codétenu lui a apporté un repas contenant un demi-gramme de haschich et un gramme de résine de cannabis.

Le motard a aussi été impliqué dans une bagarre avec un codétenu et aurait dit à un employé vouloir s’en prendre « au prochain gars de la wing qui va me dire que j’ai perdu du poids ».

Les commissaires notent en revanche la bonne implication de Giroux dans un programme de réinsertion sociale, mais craignent que sa participation soit « utilitaire » même si le motard affirme qu’il n’a pas l’intention de s’impliquer de nouveau dans la criminalité.

« Considérant votre historique de délinquance et vos allégeances criminelles, votre équipe de gestion de cas (EGC) est d’avis qu’autant votre potentiel de violence est préoccupant que la probabilité que vous commettiez une nouvelle infraction au profit d’une organisation criminelle », écrivent notamment les commissaires dans leur décision de 12 pages.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.