Sandel Pierre, l’un des trois individus qui ont battu l’ancien enquêteur du SPVM Pietro Poletti chez lui à LaSalle en juin 2020 et qui ont molesté sa mère octogénaire, a été condamné à quatre ans d’emprisonnement vendredi au palais de justice de Montréal.

Pierre, 21 ans, qui a plaidé coupable à des chefs d’introduction avec effraction, voies de fait armées, voies de fait avec lésions et méfait, est détenu depuis son arrestation le jour même de l’agression. Donc, si on soustrait le temps qu’il a passé en détention préventive, pour lequel chaque journée compte pour une journée et demie, il lui reste un mois et demi de prison à purger.

Il s’agit d’une victoire pour la défense, qui demandait quatre ans d’emprisonnement, alors que la poursuite réclamait le double.

Pietro Poletti a répondu à sa porte durant l’après-midi du 12 juin 2020 et trois individus sont entrés chez lui et l’ont battu à coups de pied et de poing, de brique et de balai à neige, avant de prendre la fuite à bord d’une voiture conduite par un quatrième homme, qui a plaidé coupable lui aussi et qui a témoigné contre ses anciens complices.

Dans sa décision rendue oralement, la juge Joëlle Roy de la Cour du Québec a notamment relevé le fait que le commanditaire et le mobile de l’agression demeurent inconnus, que rien dans la preuve ne démontre que l’accusé savait où il allait l’après-midi du 12 juin 2020, et que l’occupant de la maison était un ancien policier aujourd’hui à la retraite.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Le vestibule de la maison de Pietro Poletti, où l’agression a été commise

« Il s’agit d’un travail d’amateurs », a déclaré la juge, qui a aussi retenu les éléments suivants : que l’accusé n’a aucun antécédent criminel, que l’agression a été limitée au vestibule, que rien n’a été volé, que des objets dans la maison à portée des agresseurs qui auraient pu causer de graves blessures n’ont pas été utilisés, que la victime a subi des blessures « somme toute mineures », et que les témoignages de celle-ci à l’enquête préliminaire et au procès ont présenté certaines variations.

Les « fourchettes » au banc des accusés

La juge a également critiqué les « fourchettes » de peine évoquées par les parties durant les plaidoiries.

En gros, une fourchette est le spectre à l’intérieur duquel une peine sera considérée comme appropriée selon la jurisprudence et les faits.

« Le Tribunal ne croit pas aux fourchettes. Elles recèlent un caractère purement subjectif selon ce qu’on veut bien leur faire dire. […] Elles ne s’avèrent pas fiables, au surplus elles vont à l’encontre du principe cardinal de notre droit criminel, soit l’individualisation de la peine. Elles deviennent un sauf-conduit facile et sont dangereuses à l’utilisation, car elles perpétuent les mêmes erreurs de dossier en dossier, à tel point que l’on n’aperçoit plus l’accusé, qui, lui, écope de cette peine », a déclaré la juge.

La magistrate s’est adressée à Sandel Pierre après avoir lu sa décision. Elle l’a invité à « chercher de l’aide et à bien s’entourer ». « On ne veut plus vous voir ici », lui a-t-elle lancé.

« C’est certain qu’on est déçus. On a fait valoir nos arguments et on demandait huit ans. Par contre, M. Pierre a plaidé coupable et on est d’accord avec la juge dans le sens où il y avait une amorce de réhabilitation », a réagi le procureur de la poursuite, MPhilippe Vallières-Roland, ajoutant que le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) allait évaluer s’il en appellera ou non de la peine.

M. Pierre était représenté par MKristina Markovic.

Les deux autres individus qui ont battu Pietro Poletti chez lui, Yadley Deutz-St-Jean et Mitchaino Bruno, ont eux aussi été jugés et ont été reconnus coupables des mêmes chefs. Ils sont toujours en attente de leur peine.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.