« J’ai fait de la surenchère pour que le message passe » : Jean-Claude Rochefort s’est ainsi défendu lors des observations sur sa peine qui se sont déroulées vendredi. Le blogueur et adorateur de l’auteur de la tuerie de Polytechnique Marc Lépine pourrait écoper d’un an de prison ferme pour ses écrits antiféministes.

L’homme qui louangeait Marc Lépine a assuré qu’il n’écrirait plus de textes antiféministes sur l’internet. Il a désormais d’autres passions : la guitare et la littérature allemande moderne. « J’ai fait le tour de la question. J’aurais l’air d’un clown si je publie encore », a-t-il dit.

Jean-Claude Rochefort, reconnu coupable d’avoir volontairement fomenté la haine envers les femmes, a admis avoir été loin. « J’ai fait de la surenchère pour que le message passe. »

« Avez-vous de l’empathie pour les familles des victimes de la tuerie de la Polytechnique ? », lui a demandé vendredi la procureure de la Couronne MRoxane Laporte.

« Je me situais dans la perspective de cet évènement réel qui était récupéré par un mouvement », a-t-il répondu.

MLaporte a soulevé la publication en 2018 par l’auteur du blogue d’une photo de Marc Lépine avec les victimes de la tuerie avec le texte « Kill them all bitch ».

« J’ai de l’empathie. J’ai sans doute fait une erreur en parlant plus fort, mais ceux qui parlent le plus fort sont les moins dangereux. »

Le ministère public demande un an d’incarcération ferme ; la défense suggère neuf mois avec sursis.

Les publications de Jean-Claude Rochefort ont semé la peur à l’UQAM avant les commémorations de la tuerie de la Polytechnique en 2019. Le logo de l’université se trouvait dans plusieurs billets du blogue, tout comme les visages des professeurs en études féministes Francis Dupuis-Déri et Mélissa Blais.

La professeure a témoigné vendredi matin.

« Je fais de l’hypervigilance chaque 6 décembre. Je suis constamment sur mes gardes », a-t-elle dit au juge en référence à l’anniversaire de la tuerie de Polytechnique. Elle a mentionné avoir peur que des hommes soient inspirés par les écrits de Jean-Claude Rochefort et décident de faire des gestes violents.

Elle a affirmé avoir peur lorsqu’elle croise un homme qui ressemble au blogueur.

« Il y a de la relève »

Jean-Claude Rochefort a réitéré ne plus avoir besoin d’écrire. D’autres personnes le font mieux que lui sur les mêmes sujets, a-t-il dit. Il a cité en exemple Olivier Kaestlé, qui signe un blogue toujours actif traitant de « l’intégrisme sanitaire de la CAQ, de la défense de la condition masculine et du refus de l’islamisation de la société québécoise ».

« Il y a de la relève […] Il écrit beaucoup mieux que moi », a dit l’homme de 73 ans.

En 2019, M. Rochefort louangé le tueur Marc Lépine dans des publications parues avant les commémorations du féminicide de masse de Polytechnique. Dans l’un de ses blogues, il invitait à célébrer « la fête de Saint-Marc-Lépine », puis encourageait les « disciples » de Marc Lépine « à polir leur carabine ». Selon l’accusé, Marc Lépine avait « redonné de la dignité aux hommes ».

Dans d’autres publications, M. Rochefort glorifiait aussi un personnage fictif de son invention nommé Ulrich, qu’il présentait comme le fils de Dieu et un tueur de femmes. D’autres encore incluaient des montages photographiques et d’autres illustrations mettant en scène Marc Lépine, des armes et des femmes démembrées.

Le juge Pierre Labrie rendra sa décision sur la peine le 27 janvier prochain.