Scène surréaliste pendant l’audience sur la peine des jeunes qui ont menacé de refaire une tuerie « à la Columbine » dans leur école. En vociférant contre les journalistes en pleine plaidoirie, l’avocat de la défense a provoqué une crise de panique chez le père d’une coaccusée. Même la procureure de la Couronne ne s’est pas représentée pour plaider.

MHughes Surprenant se tourne théâtralement vers l’audience en brandissant son ordinateur sur lequel s’affiche l’article du représentant de La Presse. « J’espère que plus jamais ! Plus jamais ! Un journaliste va écrire : “ dans leur folie meurtrière ”. J’espère que plus jamais on ne va écrire ça », tonne alors l’avocat.

Immédiatement, le père de la coaccusée est pris d’un malaise et s’effondre sur son siège. Stupeur en salle d’audience. Au retour de la pause, la procureure de la Couronne MClaudie Marmet n’est plus là, remplacée par un collègue, à la surprise du juge. La procureure n’était plus « en mesure » d’être en salle d’audience, résume vaguement son collègue. Le ministère public plaidera ainsi par écrit.

Même si cette scène était tout à fait exceptionnelle, le juge Paul Grzela ne l’a pas commentée dans la salle d’audience.

Absolution réclamée

Avant tout ce brouhaha, MSurprenant réclamait une absolution inconditionnelle pour son client de 16 ans, comme le recommande le rapport prédécisionnel. Il a d’ailleurs dépeint l’accusé comme une victime des policiers et du système. « Les adultes ont cochonné ce dossier-là ! », a pesté MSurprenant, en tapant sur la table.

En aucun cas, les deux coaccusés jugés vendredi, un garçon et une fille de 16 ans, n’avaient l’intention de passer à l’acte, ont plaidé leurs avocats. Ce n’était qu’une « mauvaise blague », a résumé MChristine Brosseau, qui défend la coaccusée. « Ce n’était pas destiné à sortir du groupe privé », a soutenu MSurprenant.

Les faits du dossier sont toutefois extrêmement troublants. Les deux coaccusés et leurs deux complices – déjà jugés – ont discuté en 2021 sur les réseaux sociaux d’un plan très précis pour abattre des élèves de leur école secondaire du quartier Saint-Michel. Ils voulaient ainsi reproduire la tuerie de Columbine aux États-Unis.

L’un des complices avait même créé un document qui détaillait minute par minute le déroulement de la tuerie. Un plan qui impliquait d’abattre les élèves et de lancer des cocktails Molotov sur les fuyards. Les jeunes voulaient également traîner un élève au microphone de l’école pour le tuer. « On va lui tirer dans les couilles pendant qu’il chante », indiquait le plan.

La victime, un adolescent de 17 ans, est marquée à vie. Sa mère a livré un puissant témoignage vendredi en déplorant que les coaccusés disent encore aujourd’hui que tout n’était qu’une blague.

« Quand on a vu dans la preuve que quatre jeunes complotaient pour commettre un attentat, qu’ils voulaient kidnapper notre fils, l’attacher à l’intercom, puis lui tirer dessus, personne n’a trouvé ça drôle ! Personne ! Surtout en ce moment à Montréal avec toutes les fusillades, les écoles qui ferment parce qu’elles reçoivent des menaces », a confié la mère de la victime.

Le dossier sera de retour en mars prochain.