« Rassembleur », « généreux », « unique ». Des amis, de la famille et des gens du quartier ont rendu un dernier hommage à Philippe-André Graton, cet adolescent qui a été poignardé à mort le 6 novembre dernier, dans un parc d’Outremont.

« Sa porte était toujours ouverte pour ses proches », a dit l’un des amis de la victime, les yeux rougis par l’émotion, en marge d’un rassemblement qui a eu lieu vendredi au parc John-F.-Kennedy.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Affiche à l'effigie de Philippe-André Graton

Le maire d’Outremont, Laurent Desbois, s’est adressé à une trentaine de personnes réunies à l’endroit où le jeune homme de 19 ans a été assassiné, près de l’avenue Ducharme.

« Il est difficile de concevoir la souffrance ressentie par les parents dont l’enfant est parti trop tôt. Cela va à l’encontre même du sens de la vie », a-t-il dit.

« Je n’ai pas connu personnellement Philippe-André, mais les circonstances entourant son décès nous rappellent la fragilité de la vie. Perdre la vie à un si jeune âge, dans de telles circonstances tragiques, ne devrait pas arriver », a-t-il poursuivi devant les personnes endeuillées qui tenaient toutes un lampion allumé. Des bouquets de fleurs ont été déposés là où le jeune homme a perdu la vie.

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Laurent Desbois, maire d’Outremont

Comme tous les enfants d’Outremont, [Philippe-André] a dû lui aussi rêver à un monde meilleur. La jeunesse devrait nous porter, nous remplir d’espoir et d’espérance, nous projeter dans le futur.

Laurent Desbois, maire d’Outremont

Il a dénoncé « l’acte de violence », parlant d’un décès « tragique », et a promis de tout mettre en œuvre pour ramener un sentiment de sécurité dans son arrondissement.

Philippe-André Graton a été poignardé à mort peu après minuit le 6 novembre dernier. Un conflit entre deux groupes de jeunes se serait d’abord envenimé sur les réseaux sociaux, selon des informations recueillies par La Presse.

Deux personnes ont été arrêtées trois semaines après le meurtre. Olivier Ledezma-Théron, un homme de 25 ans, a été accusé de meurtre au second degré, le 25 novembre dernier. Son présumé complice, Nils Ovesson, a été accusé d’homicide involontaire.

Philippe-André Graton n’était pas connu des policiers.

« Un grand cœur »

« C’était vraiment un bel être humain, une bonne personne, avec de grandes idées », a dit Diane Kirouac-Gendron, la grand-mère de la victime, à La Presse.

« Phil, tout était beau pour lui. Tout allait bien. Il avait un grand cœur. Vraiment. Il voulait toujours aider ses amis », a poursuivi la femme vêtue d’un long manteau noir et d’un foulard coloré pour faire un clin d’œil « joyeux » à son petit-fils.

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Des gens rassemblés au parc John-F.-Kennedy, à Outremont, vendredi

La grand-mère de 16 petits-enfants a raconté que Philippe-André rêvait d’avoir sa propre entreprise, de travailler fort et de faire des sous. Quand il était petit et qu’elle le gardait, il lui disait souvent « Didi, c’est moi qui vais m’occuper de toi quand tu vas vieillir. »

« Peut-être qu’il va le faire pareil. Qui sait ? », a laissé tomber Diane Kirouac-Gendron.

« C’est triste qu’il soit parti, qu’on lui ait pris sa vie comme ça. On a perdu une belle âme », a-t-elle ajouté.

Des gens du voisinage qui ont été ébranlés par le meurtre, mais aussi par le délit de fuite qui a eu lieu 10 jours plus tard dans Outremont, ont également participé au rassemblement. Rappelons que le 16 novembre dernier, une voiture a percuté à grande vitesse un bébé dans sa poussette à l’intersection des avenues Bloomfield et Lajoie. Le conducteur a pris la fuite et l’enfant s’en est miraculeusement sorti sain et sauf. Les policiers sont toujours à la recherche de l’automobiliste.

« Il n’y a pas de surveillance policière », a déploré Guy Patenaude qui ne connaissait pas la victime, mais qui habite à trois rues du parc John-F. -Kennedy. « C’est dramatique parce que des situations comme ça, on ne voyait jamais ça ici, avant. »

« Quand il n’y a pas de surveillance policière, les délinquants savent qu’ils n’auront pas de conséquences », a-t-il ajouté. L’homme admet toutefois qu’il voit davantage de patrouilleurs depuis quelques semaines. Il a ajouté avoir une pensée pour les parents et les proches de Philippe-André Graton.

Le poste de police 24, dans Outremont, a été aboli en janvier 2019. Le maire Desbois a d’ailleurs demandé son rétablissement lors du dernier conseil d’arrondissement, plus tôt cette semaine.