Une femme a vécu un véritable cauchemar cet automne en attendant l’autobus dans l’est de Montréal. Un homme ayant des problèmes de santé mentale l’a violemment agressée sexuellement en pleine rue. Une agression « extrêmement grave », selon le juge qui a refusé de mettre en liberté l’assaillant présumé.

« Vous représentez un risque évident : si vous reprenez la liberté, il y a un danger pour les femmes. […] Les circonstances sont extrêmement dangereuses. Vous avez attaqué une parfaite inconnue sur la rue », a conclu le juge Erick Vanchestein la semaine dernière au terme de l’enquête sur la mise en liberté de Pierre Lafrance.

Le Montréalais de 53 ans est accusé d’agression sexuelle causant des blessures et de voies de fait sur une femme, dont l’identité est protégée par la cour. Pierre Lafrance a révélé aux policiers avoir eu « ce genre de pulsions sexuelles à 50 reprises » avant de passer à l’acte, a indiqué le procureur de la Couronne MCharles Doucet pendant l’audience.

Le récit de l’agression est particulièrement choquant. La jeune femme attend l’autobus au nord du parc Maisonneuve, vers 6 h le matin, quand Pierre Lafrance la questionne sur son origine ethnique. Aussitôt, il la prend à la gorge et la jette au sol. Puis, l’assaillant lui empoigne les seins. Elle réussit à fuir, mais son bourreau la rattrape et la pousse contre un véhicule, selon la version du ministère public.

« Alors qu’elle est contre une voiture, Lafrance met sa main sous sa culotte et touche ses parties génitales en la grafignant. Lafrance lance madame au sol. Il prend la tête de madame à deux mains et la frappe contre le sol à plusieurs reprises. Il traîne encore madame et lui enlève un soulier. Lafrance mord les deux cuisses de madame. Celle-ci réussit à fuir », a résumé le procureur de la Couronne, en exhibant au juge des photos des blessures de la victime.

Pendant son interrogatoire policier, Pierre Lafrance a en majeure partie corroboré cette version. Il a déclaré avoir croisé une jeune femme sur la 39e Avenue et lui avoir dit qu’il l’aimait avant de l’agresser, a expliqué le procureur MDoucet.

Pierre Lafrance souffre de schizophrénie depuis des années. Il a d’ailleurs été hospitalisé à 13 reprises à l’Institut de psychiatrie légale Philippe-Pinel depuis les années 1980. Dans son rapport, la psychiatre France Proulx relève que l’accusé avait le goût de « baiser » avec une femme ce matin-là et qu’il a agi « impulsivement » en choisissant la victime au hasard.

La psychiatre n’a toutefois pas conclu que l’accusé était non responsable criminellement en raison de ses troubles mentaux. « Il semble avoir développé un certain sentiment d’impunité », a-t-elle conclu. Il n’est d’ailleurs pas clair si Pierre Lafrance prenait sa médication entièrement.

Pendant son témoignage à la cour, Pierre Lafrance a d’ailleurs haussé le ton. « Arrêtez d’être négatif envers moi ! », a-t-il tonné.

Non autonome, Pierre Lafrance résidait avec son frère et sa mère, en perte d’autonomie, avec qui il entretenait une relation « fusionnelle ».

Le juge Vanchestein a refusé de mettre Pierre Lafrance en liberté pour deux motifs, notamment celui de la confiance du public. « L’ensemble de la population serait probablement inquiète de savoir que vous avez votre liberté provisoire chez vous alors que la preuve est forte », a-t-il conclu.

L’accusé sera de retour en cour en janvier prochain.