Kevin Tate, condamné à plus de huit ans de pénitencier pour avoir comploté le meurtre du meilleur ami du caïd Raynald Desjardins tué par balle à Montréal en janvier 2013, s’est vu refuser sa libération conditionnelle ces derniers jours.

Tate, 39 ans, faisait partie d’un groupe d’individus d’allégeance rouge, les Unit 44, issus des Bo-gars, qui ont observé la victime, Gaetan Gosselin, durant deux jours avant de l’abattre devant chez lui alors qu’il sortait ses poubelles.

Des membres du même groupe ont également été condamnés pour l’assassinat de Vincenzo Scuderi, bras droit du défunt chef de clan de la mafia montréalaise Giuseppe De Vito, allié de Desjardins, quelques jours plus tard.

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Gaetan Gosselin, homme de confiance et ami de Raynald Desjardins, assassiné en janvier 2013

Devant les commissaires aux libérations conditionnelles, Tate a expliqué qu’un ami de longue date lui avait demandé de faire de la surveillance en échange d’argent. Il a dit avoir fait de la surveillance à deux reprises durant une heure, qu’il n’était pas présent lors du meurtre et qu’il a été « troublé » en apprenant l’âge de la victime (69 ans).

Incarcération mouvementée

Les commissaires ont questionné Tate sur le fait qu’entre octobre 2021 et mars dernier, il a été impliqué dans une altercation en établissement, a pris part à des gageures sportives et a fait entrer des objets illégaux servant vraisemblablement à la consommation de cannabis et autres drogues dans sa cellule.

Les services correctionnels le soupçonnent d’avoir été impliqué dans du trafic institutionnel de cannabis.

« C’est mon péché mignon », a dit Tate, en ajoutant ne rien faire d’illégal, car la consommation de cannabis est permise à l’extérieur des murs.

L’écoute électronique a montré que Tate aurait reçu des transferts d’argent par courriel en novembre 2021.

Il aurait fait une demande de désaffiliation des gangs d’allégeance rouge, mais les autorités carcérales ont constaté qu’il avait toujours des communications téléphoniques avec des individus reliés à ces groupes.

Sa vie menacée

En septembre 2022, des policiers de la Sûreté du Québec ont rencontré des détenus, dont Tate, pour leur annoncer qu’il y avait des contrats sur leur tête. L’une des hypothèses est que le contrat provient d’un conflit entre deux gangs rivaux à Montréal. Mais Tate a dit ignorer d’où la menace venait et a ajouté qu’il redoublerait de vigilance à son retour dans la collectivité.

« Votre équipe de gestion de cas (EGC) est d’avis que vous constituez une menace réelle pour autrui. Vous présentez un faible potentiel de réinsertion sociale et un risque inacceptable pour la société. Votre EGC estime que l’aspect dissuasif de l’incarcération est absent », écrivent les commissaires dans leur décision, tout en soulignant toutefois quelques progrès.

Les commissaires ont refusé d’accorder à Tate sa semi-liberté en maison de transition et sa libération conditionnelle totale.

Ils lui imposent déjà des conditions spéciales sévères en vue de sa libération d’office – aux deux tiers de sa peine – prévue au printemps prochain.

Il est alors envisagé que Tate fasse l’objet d’une surveillance électronique, vraisemblablement avec l’aide d’un bracelet GPS.

Tate ne pourra rencontrer des individus impliqués dans des activités criminelles, devra rechercher et garder un emploi, ne pourra consommer de drogues, devra posséder un seul téléphone et une seule carte SIM, montrer à ses surveillants les informations contenues dans son téléphone et ne jamais les effacer, il devra demeurer dans un établissement résidentiel communautaire désigné, divulguer toutes ses transactions financières et ne pas fréquenter les débits de boisson.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.