Installation électrique professionnelle, système d’arrosage contrôlé par minuterie, éclairage et ventilation sophistiqués, affichage des horaires de travail et de formulaires de tâches à effectuer, et même un horodateur électronique permettant aux employés de pointer pour enregistrer leurs heures d’arrivée et de départ.

La Presse a appris que les enquêteurs de la Division du crime organisé du Service de police de Laval (SPL) ont démantelé mercredi, dans le secteur industriel du quartier Duvernay, une plantation de cannabis qui devait compter quelques centaines de plants selon un certificat d’autorisation de Santé Canada émis pour cette adresse, mais qui, en réalité, était une véritable usine illégale de production qui en abritait plus de 2000.

Ils ont aussi mis la main sur près de 70 kilogrammes de résine de cannabis, plus d’une tonne de cannabis séché et de l’équipement haut de gamme, le tout pour une valeur de plus de 8 millions de dollars, selon la police.

Des arrestations ont eu lieu lors de cette opération réalisée dans le cadre du programme Accès Cannabis financé par le gouvernement du Québec. La police croit que le crime organisé est derrière cette plantation illégale.

  • La plantation illégale abritait des systèmes sophistiqués d’éclairage, d’arrosage, de ventilation et autres évalués à environ 1 million de dollars, selon la police.

    PHOTO FOURNIE PAR LE SERVICE DE POLICE DE LAVAL

    La plantation illégale abritait des systèmes sophistiqués d’éclairage, d’arrosage, de ventilation et autres évalués à environ 1 million de dollars, selon la police.

  • L’installation électrique et celles des autres systèmes ont été réalisées par des professionnels, affirme Jean-François Rousselle, assistant directeur au Service de police de Laval.

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    L’installation électrique et celles des autres systèmes ont été réalisées par des professionnels, affirme Jean-François Rousselle, assistant directeur au Service de police de Laval.

  • Selon la police, il s’agit d’un horodateur sur lequel les employés devaient pointer, vraisemblablement au moyen d’une carte magnétique, pour enregistrer leurs heures d’arrivée et de départ.

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    Selon la police, il s’agit d’un horodateur sur lequel les employés devaient pointer, vraisemblablement au moyen d’une carte magnétique, pour enregistrer leurs heures d’arrivée et de départ.

  • Lorsque les policiers se sont présentés sur les lieux, des centaines de cocottes étaient en train de sécher sur des treillis.

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    Lorsque les policiers se sont présentés sur les lieux, des centaines de cocottes étaient en train de sécher sur des treillis.

  • Une autre partie de la plantation illégale de cannabis démantelée par les enquêteurs de la Division du crime organisé du Service de police de Laval. Ces barils contenaient du cannabis séché.

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    Une autre partie de la plantation illégale de cannabis démantelée par les enquêteurs de la Division du crime organisé du Service de police de Laval. Ces barils contenaient du cannabis séché.

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« Un citoyen normal n’investirait pas 1 million strictement pour sa consommation personnelle. On est dans une usine de production, dans un investissement visant à faire de l’argent et à financer d’autres activités illicites », affirme Jean-François Rousselle, assistant directeur et patron des enquêtes au SPL.

« Il est clair qu’on est devant un système de production bien implanté et structuré. On n’est pas dans l’artisanal, avec un apprenti producteur de cannabis. Ce sont des gens hautement organisés et connaissants en la matière », ajoute-t-il.

Encore Santé Canada

Selon M. Rousselle, cette affaire démontre l’importance pour Ottawa de modifier la Loi sur le cannabis, en particulier les articles qui établissent les critères et les façons de faire permettant à des particuliers d’obtenir des certificats d’autorisation de production personnelle à des fins médicales.

À la fin de septembre, La Presse a publié un dossier révélant que le système d’attribution de certificats d’autorisation était détourné par le crime organisé ou par des individus qui obtenaient frauduleusement des permis et produisaient d’importantes quantités de marijuana de façon illicite.

« Ce que nous avons démantelé, c’est une usine de production de cannabis qui existe sans impunité, qui produit de très grands volumes de marijuana et contre laquelle on a été obligés de mettre beaucoup d’efforts. »

« On ne voit pas de baisse actuellement dans le marché noir de la marijuana. Ce n’est pas seulement un enjeu de santé actuellement, c’est aussi un enjeu de sécurité publique. Il faut qu’il y ait un arrimage entre la santé et la sécurité publique. Notre inquiétude, c’est que ces plantations servent à financer les autres activités illicites du crime organisé, comme – on peut soumettre l’hypothèse – l’achat d’armes à feu. Le manque d’encadrement et l’absence de vérification par Santé Canada, pour nous, c’est un enjeu important », poursuit M. Rousselle.

Ottawa doit revoir la loi l’an prochain. En attendant, M. Rousselle et le Service de police de Laval demandent un moratoire sur les attributions de certificats d’autorisation de production personnelle de cannabis à des fins médicales, la création d’un comité de santé et de sécurité publique pour se pencher sur la problématique et l’obligation pour les détenteurs de certificats de s’approvisionner auprès d’entreprises officielles telle la Société québécoise du cannabis.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.