Le juge Marc-André Blanchard, de la Cour supérieure, vient de déclarer Giovanni Presta coupable du meurtre prémédité du motard Sébastien Beauchamp, tué de plusieurs balles en plein après-midi, sur le terrain d’une station-service de l’arrondissement de Saint-Léonard le 20 décembre 2018.

Le juge l’a immédiatement condamné à la prison à perpétuité sans admissibilité à une libération conditionnelle avant 25 ans.

Le crime a été commis par l’ancien tueur à gages du crime organisé Frédérick Silva, devenu depuis l’été dernier collaborateur de la police. Silva n’a toutefois pas témoigné dans le procès de Presta tenu plus tôt cet automne, mais il a fait une déclaration qui a été divulguée à la défense.

Le rôle de Presta en tant que chauffeur du tueur, le fait qu’il était présent sur les lieux au moment du crime et qu’il savait qu’un meurtre allait être commis ont été au cœur de son procès.

Durant sa plaidoirie, le procureur de la poursuite, MAntoine Piché, – nommé juge récemment – avait souligné au magistrat que la conjointe de Presta a loué l’entrepôt où le véhicule ayant servi au meurtre était abrité, que seuls sa conjointe et lui avaient accès à l’entrepôt, qu’il a préparé des balises GPS qui ont été placées sous le VUS de la victime, qu’il a participé à une traque de plusieurs jours avant le meurtre, qu’il a fait des recherches sur l’adresse du domicile de Beauchamp sur l’internet, que des caméras de surveillance démontrent qu’il conduisait la voiture le jour du crime et que lorsque Silva est sorti du véhicule, il était déjà équipé pour commettre un assassinat.

Le procureur avait aussi souligné qu’immédiatement après le meurtre, Presta a acheté des lingettes nettoyantes dans une station-service, est allé dans un premier lave-auto, puis dans un deuxième « lavage à la main » avant de retourner à l’entrepôt où la voiture est restée durant dix jours sans bouger.

Il avait ajouté que le soir même, Presta a fait des recherches d’articles sur le meurtre de Beauchamp et sur une marque précise d’arme à feu, un pistolet mitrailleur Cobray. L’un de ces pistolets a servi lors du meurtre de Beauchamp et s’est enrayé.

Enfin, le procureur avait énuméré plusieurs items saisis chez Presta lors d’une perquisition, notamment des balises GPS, des masques, des gants et des armes à feu cachées dans un trou pratiqué dans un mur et caché par une armoire, de même que des cartes SIM, des documents sur la fabrication d’armes et des silencieux artisanaux « portant la même signature que ceux retrouvés sur la scène de meurtre ».

De son côté, l’avocat de Presta, MDominique Shoofey, avait plaidé que rien dans la preuve ne démontre « hors de tout doute » que son client a été au volant de la Malibu blanche durant toute la journée du 20 décembre 2018, en particulier au moment du meurtre de Sébastien Beauchamp, vers 14 h 30.

Il ne pouvait ignorer ce qui se produirait

Dans une décision étoffée de 23 pages, le juge Blanchard a repris un à un les arguments présentés par les deux parties.

Il a conclu que Presta et Silva se connaissaient, que Presta conduisait la Chevrolet Malibu au moment du meurtre de Beauchamp, qu’il a participé activement à la préparation du crime et qu’il avait connaissance du méfait que son passager et complice allait commettre.

« En l’espèce, la preuve permet de contrer toute inférence ou conclusion autre que celle qui établit la connaissance de Presta du dessein qui animait le tireur ou qui permettait de soulever un doute raisonnable à cet égard. […] Le conducteur du véhicule Chevrolet Malibu ne peut ignorer l’intention qui anime son passager », écrit notamment le juge Blanchard.

Giovanni Presta a été arrêté en 2019 et est détenu depuis. Il a jusqu’à maintenant purgé plus de cinq ans d’emprisonnement, en calculant à temps et demi la période passée en détention préventive.

À l’issue des plaidoiries il y a quelques semaines, le juge Blanchard avait félicité MPiché et sa collègue MNathalie Kléber, et MShoofey pour la façon dont ils ont mené leur dossier.

Plus particulièrement, il a dit à MShoofey « qu’il a fait honneur à la justice » en concentrant la défense de son client sur certains éléments précis.

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