L’ex-chercheur d’Hydro-Québec accusé d’espionnage économique a pu reprendre sa liberté dans l’attente de son procès lundi, après deux semaines de détention préventive dans une prison québécoise. Il devra toutefois garder en tout temps sur lui un téléphone intelligent permettant à la police de le géolocaliser.

Yuesheng Wang, un citoyen chinois qui avait été recruté en 2016 par Hydro-Québec pour travailler au développement des technologies liées aux nouvelles générations de batteries, avait été arrêté par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) le 14 novembre, 12 jours après son congédiement par la société d’État.

Il est accusé d’utilisation non autorisée d’un ordinateur, de fraude pour avoir obtenu des secrets industriels, d’abus de confiance par un fonctionnaire public et d’une infraction concernant l’obtention de secrets industriels « pour le bénéfice de la République populaire de Chine » et « au détriment des intérêts économiques du Canada ».

Au terme de deux jours d’audiences au palais de justice de Longueuil, le juge Marco LaBrie a accepté de remettre l’accusé en liberté pour la suite des procédures, tout en lui imposant le respect d’une longue série de conditions.

Pas de risque zéro

M. Wang devra notamment prendre une hypothèque judiciaire de 200 000 $ sur ses deux propriétés immobilières à titre de garantie. Sa copine devra fournir une caution de 1000 $. Il devra résider à sa maison de Candiac, ne pas changer d’adresse sans autorisation, se présenter à la cour lorsque requis, remettre aux autorités son passeport chinois, ne pas demander un nouveau document de voyage et se rapporter une fois par semaine au quartier général de la GRC à Westmount.

Surtout, il devra conserver avec lui en tout temps un téléphone intelligent fonctionnel permettant à la police de le géolocaliser. Il devra aussi éviter tout contact avec des représentants du gouvernement chinois, sauf avec les représentants diplomatiques de son pays dans le cadre de sa défense.

« La cour est consciente que le risque zéro n’existe pas. Cependant, ce plan de remise en liberté […] est en mesure de garantir la présence de M. Wang pour la suite des procédures jusqu’à la tenue de son procès », a expliqué le juge.

Lourde peine en cas de culpabilité

Pendant la lecture de la décision, l’accusé écoutait une interprète, gardant souvent la tête basse, le dos courbé, en fixant le sol.

« Les accusations sont graves et M. Wang encourt une longue peine d’emprisonnement s’il est reconnu coupable », a souligné le juge, en évoquant une peine maximale de 14 ans de détention.

Le magistrat a souligné que l’accusé nie les infractions et fournit des explications pour tous les transferts d’information secrète détectés par la police. « M. Wang a choisi de témoigner lors de l’audition alors qu’il avait le droit de garder le silence », a observé le juge.

À ce stade de l’affaire, « la cour estime qu’il est difficile de se prononcer sur les probabilités de condamnation », a-t-il poursuivi.