(Québec) L’ancien député Harold LeBel a rejeté en bloc lundi les faits qui lui sont reprochés à son procès pour agression sexuelle, jurant n’avoir jamais fait des attouchements à une jeune femme qui disait le considérer comme un « mentor ».

« C’est faux, je n’ai jamais fait ça », a-t-il lancé quand son avocat, Maxime Roy, lui a demandé s’il avait touché les fesses et l’anus de la plaignante une nuit d’octobre 2017 à Rimouski. A-t-il tenté de défaire son soutien-gorge comme elle le prétend ? « Non plus. »

L’ancien député de Rimouski, âgé de 60 ans, a toutefois reconnu avoir embrassé la plaignante, de plusieurs décennies sa cadette.

« Oui, ça, c’est arrivé, à la table, on était seuls à ce moment-là. On était à six pouces et c’est arrivé, et très rapidement on a reculé et dit “wow, qu’est-ce qui est arrivé ?” », a raconté M. LeBel.

L’ex-élu a un récit bien différent de celui livré par la plaignante la semaine dernière. La femme, qu’une ordonnance de la cour interdit d’identifier, avait raconté que l’homme avait tenté de l’embrasser sans aucun avertissement et à sa grande surprise. Il aurait ensuite tenté de défaire son soutien-gorge et essayé d’ouvrir la porte verrouillée de la salle de bains où elle s’était réfugiée.

Il se serait ensuite couché à ses côtés dans un lit escamotable où elle a raconté avoir passé la nuit tétanisée tandis qu’il lui touchait les fesses et l’anus.

M. LeBel assure plutôt qu’après le baiser consensuel, il s’est couché à ses côtés et s’est endormi. Le lendemain, il dit s’être réveillé avec ses mains sur la jeune femme, une proximité survenue bien malgré lui au hasard du sommeil.

Retour sur des courriels intrigants

L’accusé est revenu lundi au palais de justice de Rimouski sur les courriels que lui et la plaignante se sont échangés en février 2020, deux ans et demi après la soirée litigieuse.

La plaignante lui avait alors reproché son comportement. « Toute la nuit, jusqu’au petit matin, tu ne m’as pas lâchée. Je ne sais pas si tu me croyais endormie, mais je n’ai pas fermé l’œil une seconde, pas une seule », a écrit la jeune femme le 21 février 2020.

« Pardonne-moi cette soirée. Ceci est à 1000 lieues du respect et de la considération que j’ai pour toi », avait-il écrit en réponse.

Je n’ai aucun souvenir de tout ça […] Je me souviens m’être réveillé à côté de toi en me demandant qu’est-ce que je faisais là. Voilà une soirée d’alcool que je voudrais n’avoir jamais connue.

Extrait d’un courriel d'Harold LeBel à la plaignante

Harold LeBel a expliqué lundi qu’il regrettait cette réponse. « J’essayais de trouver des bons mots. En disant “j’aimerais luncher avec toi pour en discuter”, c’était une façon de ne pas couper les ponts. Mais en voyant tout ça maintenant, j’aurais dû prendre tout ça et aller voir un avocat. »

Qu’est-ce qu’un black-out ?

Le procureur de la Couronne qui a contre-interrogé M. LeBel a tenté de comprendre ce qu’il entendait par « soirée d’alcool ». Aux policiers, l’accusé aurait aussi mentionné un « black-out ».

Pourtant, aujourd’hui, M. LeBel assure se souvenir parfaitement d'avoir dormi cette nuit-là. « Je me suis endormi. Je ne me souviens pas, c’est ça le black-out. Je n’ai pas pris un coup, rien de ça, je me suis endormi », a-t-il dit, assurant n’avoir consommé que trois ou quatre gin-tonics. « Le black-out, c’est que je me suis endormi. »

L’accusé a par ailleurs contredit la version de la plaignante, qui l’a décrit comme une « figure paternelle » ou encore un « mentor ».

« Mentor, à mon avis, c’est gros, c’est quelqu’un qui va te prendre sous son aile, être disponible pour répondre à tes questions… Quelqu’un de proche, proche, proche. Je n’ai jamais été proche, proche, proche, ni pensé qu’elle était sous mon aile », a dit l’ex-député.

Le contre-interrogatoire d’Harold LeBel doit se poursuivre mardi. Les 14 jurés – 10 femmes et 4 hommes – devront décider s’il est coupable d’agression sexuelle à l’issue du procès. La défense ne fera entendre que M. LeBel, et le jury devrait commencer à délibérer dès cette semaine.