Un homme a été victime d’un meurtre mardi matin, près d’un commerce de la voie de desserte de l’autoroute 440 Est, à Laval. Selon nos informations, la victime est Vincenzo Armeni, 66 ans, importateur de cocaïne que la police relie à la mafia montréalaise, a appris La Presse de plusieurs sources.

L’agente Stéphanie Beshara, de la police de Laval, a indiqué que l’homme avait été retrouvé criblé de balles dans le stationnement du Centre Céramique 440, en bordure de l’autoroute 440, après un appel peu avant 8 h mardi.

Sa mort a été constatée sur place et des enquêteurs ont été dépêchés sur les lieux. Aucune arrestation n’avait encore été faite au moment d’écrire ces lignes.

Plus tard, les policiers ont retrouvé un véhicule utilitaire sport de marque Honda incendié dans un terrain vague près d’une maison abandonnée sur la 71Avenue, près du pont Lachapelle. Une source policière a confié à La Presse que le véhicule pourrait être relié au crime.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Les policiers ont retrouvé un véhicule utilitaire sport de marque Honda incendié dans un terrain vague près d’une maison abandonnée sur la 71Avenue, près du pont Lachapelle. Une source policière a confié à La Presse que le véhicule pourrait être relié au crime.

« J’ai entendu le bruit [de l’explosion], mais je n’ai jamais vu cette voiture avant », a dit Rosaura Reynoso, qui vit dans un immeuble de logements adjacent. Sa voisine Eilien Poirier a également entendu l’explosion vers 8 h 30. Elles n’ont pas vu le conducteur.

Il s’agit du neuvième meurtre de l’année à Laval, a indiqué l’agente Beshara. L’enquête a cependant été confiée à la Sûreté du Québec (SQ) « étant donné que c’est relié au crime organisé », a indiqué la porte-parole de la SQ, Catherine Bernard.

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Des enquêteurs de la Sûreté du Québec et de la police de Laval ont été dépêchés sur les lieux.

Les policiers ont érigé un vaste périmètre dans le parc industriel autour du lieu du meurtre. Les employés des entreprises à l’extérieur du périmètre avec qui La Presse a pu s’entretenir ont dit n’avoir rien vu ou entendu avant l’arrivée des policiers.

« Zéro puis une barre », a illustré Martin Chabot, directeur de l’entreprise H. Paulin, qui loue un entrepôt rue Debray, tout près. M. Chabot est arrivé à son lieu de travail à 6 h mardi matin, mais « on a de la misère à entendre dehors. […] C’est les gens qui sont arrivés à 8 h qui nous ont dit qu’il était arrivé quelque chose », a-t-il expliqué.

Une routine

Vincenzo Armeni était en libération conditionnelle.

Selon nos informations, depuis sa libération, il avait une routine et se rendait quotidiennement dans une entreprise familiale, Planchers de bois exotique, qui est située dans le même bâtiment commercial. Après le crime, des membres de la famille se sont présentés sur les lieux. Ils n’ont pas souhaité faire de commentaires.

En 2007, il avait été condamné à l’une des plus longues peines pour trafic de drogue jamais prononcées au Québec, soit 19 ans de pénitencier pour une quantité de 760 kg de cocaïne.

Le crime avait été commis alors qu’Armeni était déjà sous le coup d’une autre peine de 10 ans pour avoir pris part à un complot pour le trafic de 166 kg de cocaïne en 1998.

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Vincenzo Armeni

Il avait été libéré d’office aux deux tiers de sa peine en juin 2020 sous de sévères conditions, en raison des forts risques de récidive qu’avaient évalués les commissaires fédéraux des libérations conditionnelles.

Selon la décision de la Commission des libérations conditionnelles du Canada, Armeni a déjà été considéré comme un membre de la mafia montréalaise ayant des liens avec des membres des cartels colombiens.

Devant les commissaires aux libérations conditionnelles, Armeni avait toutefois nié être un membre de la mafia, mais avait admis avoir des liens ou avoir fait des affaires avec elle.

En plus de sa peine qui lui avait été imposée en 2007, Armeni avait été condamné à verser plus de 1 million de dollars à Revenu Québec pour les profits supposément réalisés lors de la vente de cocaïne en 2005.

Proche de plusieurs personnes assassinées

D’après nos informations, Vincenzo Armeni, qui était associé à la branche calabraise de la mafia montréalaise, était un proche du caïd Raynald Desjardins.

Toujours selon nos renseignements, durant les années 1980, la police considérait le clan Armeni comme relevant de Joe Di Maulo, défunt beau-frère de Desjardins, et de Moreno Gallo. Les deux ont été assassinés respectivement en 2012 et en 2013.

Armeni avait également un lien de parenté avec Tonino Callocchia, assassiné lui aussi en 2014.

Des rencontres chez Céramique 440

En 2013, le quotidien The Gazette avait révélé que Vincenzo Armeni et sa femme étaient propriétaires d’un immeuble dans lequel le Service de police de la Ville de Montréal avait aménagé l’un de ses postes de quartier, puis l’escouade Éclipse, spécialisée dans la surveillance des bars et la collecte de renseignements sur les individus liés au crime organisé.

Selon des documents judiciaires, lors de l’enquête Magot-Mastiff à l’issue de laquelle les enquêteurs de la Sûreté du Québec avaient démantelé une alliance motards-mafia-gangs qui dirigeait le crime organisé montréalais, les enquêteurs avaient observé et su que des rencontres entre suspects avaient lieu régulièrement au commerce Céramique 440, que la police associe à la famille Sollecito, de la branche sicilienne de la mafia montréalaise.

Le dernier importateur de cocaïne victime de meurtre était Maxime Lenoir, abattu dans le stationnement du Centre Rockland, à Montréal, à la fin du mois d’août.

Le Journal de Montréal avait titré le lendemain que Lenoir était le sixième importateur de cocaïne victime de meurtre au cours des trois dernières années et demie. Armeni s’ajoute à cette liste.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.