Le père de deux jeunes enfants trouvés morts dans une maison de Laval lundi soir a été accusé du meurtre au premier degré de ses deux enfants. Ils seraient morts empoisonnés et noyés, selon nos sources.

Anzel Arora, 13 ans, et Aaron Arora, 10 ans, ont été assassinés lundi soir dans leur domicile sur la rue Lauzon, dans Sainte-Dorothée, selon nos informations. Quand les policiers sont arrivés sur les lieux, ils ont découvert les deux enfants inanimés ainsi qu’un homme qui gisait sur les lieux.

Le suspect, Kamaljit Arora, 45 ans, est le père des victimes. L’homme n’est pas connu des policiers et ne détient aucun dossier criminel ou civil. Sa comparution était prévue mardi après-midi, mais a été remise au lendemain dû à son état de santé. Il se trouvait toujours à l’hôpital. L’homme est aussi accusé de voies de fait sur sa conjointe. Selon la dénonciation, il aurait tenté de l’étrangler.

Le Service de police de la Ville de Laval (SPL) a reçu un appel lundi soir vers 18 h concernant le meurtre des deux jeunes enfants. Ils auraient été empoisonnés et noyés dans la salle de bain de l’étage, et au moins un d’entre eux aurait eu les mains attachées, selon des sources policières bien au fait de l’affaire. Quand les policiers sont arrivés sur les lieux, il y avait de l’eau à l’étage et la baignoire était remplie.

Les victimes ont immédiatement été transportées à l’hôpital, où leur mort a été confirmée.

Deux membres de la famille auraient d’abord découvert les enfants inanimés avant l’arrivée des autorités, selon nos informations. Le père aurait tenté d’étrangler une personne, tandis que l’autre aurait immédiatement cherché de l’aide et signalé l’affaire au 911.

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Des proches des victimes sont venus récupérer des effets personnels mardi matin.

Après avoir tué ses enfants, M. Arora aurait tenté de se suicider par empoisonnement. Les policiers l’ont trouvé dans son domicile alors qu’il avait de la difficulté à respirer. Les autorités ont confirmé mardi que la vie du père n’était pas en danger.

Tout indique qu’il s’agit d’un double meurtre suivi d’une tentative de suicide. Une enquête est en cours et des témoins ont été rencontrés par les autorités mardi matin.

Un voisinage surpris

Au lendemain de l’incident, le voisinage était sous le choc. Plusieurs résidants sont venus jeter un coup d’œil à la maison des Arora, protégée par un périmètre de sécurité toute l’avant-midi. Seulement deux proches sont entrés discrètement récupérer des effets personnels, sans parler aux médias.

Hélène, voisine de la famille Arora, est sortie de sa maison lundi soir quand elle a entendu une femme pleurer et crier à l’extérieur. « C’est une grande surprise que quelque chose comme ça arrive dans le quartier », souligne la dame. Peu connue du voisinage, la famille s’est établie sur la rue Lauzon il y a moins de trois mois, ajoute-t-elle.

« On est tout à l’envers », déplore Rina Giordano, qui habite la rue depuis 45 ans. Elle se souvient de seulement deux autres interventions policières qui l’avaient marquée auparavant dans le secteur.

Un des enfants était un élève de cinquième année à l’école de quartier Pierre-Laporte, nous a confirmé Annie Goyette, directrice adjointe aux communications du centre de service scolaire de Laval. « Il y a une équipe de professionnels qui est sur place aujourd’hui pour soutenir les élèves et le personnel. La situation est prise en charge, souligne-t-elle. C’est certain que nos pensées vont à la famille et aux proches. »

Des hommages

Tous les parents ont été mis au courant de l’incident par la direction de l’école mardi matin. Certains parents restaient surpris de l’ampleur de l’évènement qui s’est déroulé dans un quartier résidentiel plutôt calme, selon eux. « Je suis dans le quartier depuis 16 ans et je n’ai jamais entendu d’histoires comme ça », souligne Christine Lambrou, en laissant ses deux jeunes filles à l’école primaire.

Pouya Asna, voisin des Arora et père d’élèves de l’école, abonde dans le même sens. « C’est une tragédie. C’est aussi épeurant pour les enfants. Ils se posent beaucoup de questions », affirme-t-il.

Le soir venu, des résidents du quartier se succédaient devant la maison où le drame s’est déroulé afin d’y laisser des fleurs et d’autres objets commémoratifs tandis que des chandelles étaient allumées sur le perron.

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« Merde, deux enfants sont décédés. Comment [le père] a pu faire ça. Il devrait y avoir encore plus de chandelles », a témoigné Nick Tsafatinos, venu de Montréal pour allumer un cierge devant la maison. Les enfants de ses amis fréquentaient le même établissement scolaire que les deux jeunes victimes.

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Nick Tsafatinos, venu allumer un cierge devant la maison

« J’avais deux petites plumes que je suis venu laisser comme ça. Je ne les connaissais pas, mais ça marque quand même », a reconnu une autre voisine, en retenant ses larmes.

« Ces jeunes allaient à l’école où j’étais moi-même allé. C’est vraiment triste », a indiqué de son côté Peter Utucuyan, aux côtés de sa jeune fille.

Solidarité aux victimes

Les morts d’Anzel et d’Aaron Arora représentent les 18e et 19homicides de l’année au Québec dans un contexte de violence conjugale, indique Claudine Thibodeau, de l’organisme SOS Violence conjugale. Il s’agirait également du troisième incident qui implique la mort d’un enfant, selon elle. « C’est beaucoup pour une petite communauté comme la nôtre. »

SOS Violence conjugale organise une marche samedi prochain en solidarité aux victimes, une initiative d’une survivante de violence conjugale.

« Deux enfants sont tragiquement décédés, tout Laval est en deuil. Mes plus sincères condoléances aux proches des très jeunes victimes », a partagé Stéphane Boyer, maire de Laval, sur Twitter.

Avec Daniel Renaud, Mayssa Ferah et Vincent Larin, La Presse

Besoin d’aide ?

Si vous êtes victime de violence conjugale et cherchez aide et répit, contactez SOS Violence conjugale au 1 800 363-9010. Des intervenants y sont disponibles 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Trouvez une maison d’hébergement pour femmes sur fmhf.ca.

Si vous avez besoin de soutien, si vous avez des idées suicidaires ou si vous êtes inquiet pour un de vos proches, contactez le 1 866 APPELLE (1 866 277-3553). Un intervenant en prévention du suicide est disponible pour vous 24 heures sur 24, sept jours sur sept.

Vous pouvez aussi consulter le site commentparlerdusuicide.com

Les Centres d’aide aux victimes d’actes criminels viennent en aide aux proches de victimes d’actes criminels à la suite d’évènements traumatiques : 1-866-le CAVAC (1 866 532-2822) ou cavac.qc.ca