Un conflit commercial entre des membres de la famille de Tony Accurso impliqués dans une entreprise de construction est la principale hypothèse actuellement étudiée par les enquêteurs de la Régie de police du Lac des Deux-Montagnes pour expliquer la vague de méfaits qui visent les enfants de l’entrepreneur déchu, a appris La Presse.

Les doutes appuyant cette théorie sont tels qu’à la demande de la famille, la fille de Tony Accurso, Lisa, et son conjoint, Karol Fortin, ont accepté de se soumettre récemment au test du détecteur de mensonges que leur a fait subir un polygraphiste privé.

Selon nos informations, l’homme et la femme auraient passé le test avec succès. Le même exercice sera vraisemblablement demandé aux autres membres de la famille.

La Presse a tenté de joindre Lisa Accurso sans succès. Au téléphone, Karol Fortin n’a pas voulu commenter les évènements.

« La première hypothèse, on regarde attentivement si les évènements pourraient être reliés à un conflit potentiel dans les activités commerciales de la famille Accurso », a déclaré à La Presse le responsable des enquêtes à la Régie de police du Lac des Deux-Montagnes, l’inspecteur Jean-Philippe Labbé.

Ce dernier n’a pas voulu révéler les détails de l’enquête.

Il affirme toutefois que d’autres hypothèses sont envisagées, notamment que les méfaits soient reliés aux activités illicites potentielles d’un proche de membres de la famille Accurso.

« À la suite du dernier évènement [l’incendie de la maison de Lisa Accurso mardi], considérant qu’un deuxième membre de la famille a été visé, nos enquêteurs vont vérifier les liens de tous les membres de la famille. »

« On va également regarder si ce ne serait pas quelqu’un qui veut passer un message à la famille Accurso en général », a ajouté l’inspecteur Labbé.

Les dettes en bas de liste

Mardi, des médias, dont La Presse, ont rapporté que Tony Accurso s’est récemment placé sous la protection de la loi sur la faillite. Ottawa, Québec et les villes de Montréal et de Laval réclament 107 millions à l’ex-magnat de la construction et à son entreprise Simard-Beaudry Construction inc.

Quoique plausible, la piste d’une dette n’était pas privilégiée à la Régie de police du Lac des Deux-Montagnes pour expliquer les méfaits.

« À la suite des rencontres faites avec les membres de la famille Accurso, rien ne nous permettait de croire qu’ils sont reliés à leur situation financière. À ce stade-ci de l’enquête, l’hypothèse de dettes contractées par M. Tony Accurso n’était pas quelque chose qui était étudié », a précisé M. Labbé, qui a toutefois ajouté que des témoins doivent encore être interrogés.

La vague de méfaits a débuté au début du mois de juillet, alors que le VUS Range Rover blanc de la conjointe du fils de Tony Accurso, Giovanni, a été ciblé par un incendiaire.

Le 24 août, des coups de feu ont été tirés vers la maison voisine, sans faire de blessés.

Deux jours plus tard, de nouveaux coups de feu ont été tirés, cette fois-ci sur la résidence de Giovanni Accurso, quelques heures à peine après que Tony Accurso eut joint La Presse pour dire qu’il n’était pas la cible de ces attaques.

Il y a deux jours, c’est la résidence de sa fille Lisa et de Karol Fortin qui a été complètement détruite par un incendie. Des traces d’un accélérant auraient été trouvées. Le couple n’habitait plus la maison, en location, mais inoccupée au moment du sinistre. D’ailleurs, la plupart du temps, lors des méfaits, les occupants n’étaient pas présents dans les résidences.

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, ARCHIVES LA PRESSE

Tony Accurso

M. Accurso a refusé de nous accorder une entrevue, mais deux personnes de son entourage ont indiqué à La Presse que l’homme d’affaires continue de dire qu’il n’est pas ciblé par ces méfaits et qu’il n’a jamais reçu de menaces ou de message.

« J’aimerais que ce soit la SQ qui fasse enquête. Qu’elle entre là-dedans et qu’elle fasse une vraie enquête. Moi, je n’ai rien à voir là-dedans », avait dit Tony Accurso le 25 août à La Presse, au lendemain des coups de feu tirés sur la maison voisine de celle de son fils.

Mais à la Régie de police du Lac des Deux-Montagnes, on nous a expliqué qu’il faudrait que l’hypothèse d’un lien avec le crime organisé prenne de l’ampleur pour que l’enquête soit transmise à la Sûreté du Québec.

Avec Francis Vailles et Hugo Joncas

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.