Le camionneur qui a provoqué le carambolage monstre qui a fait quatre morts sur l’autoroute 440 à Laval, en 2019, était un véritable danger au volant d’un véhicule lourd. Déclaré inapte de « façon permanente », Jagmeet Grewal avait récupéré son permis grâce à une « erreur » de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ).

« Pendant ce procès, la poursuite va démontrer que cette collision a été causée par la négligence de l’accusé. Nous démontrerons que le fait que M. Grewal conduise un camion était dangereux, que cela constitue un écart marqué avec la conduite normale d’un chauffeur », a affirmé le procureur de la Couronne MSimon Blais dans sa déclaration d’ouverture.

Le procès de l’homme de 52 ans s’est ouvert mercredi au palais de justice de Laval devant de nombreux proches des victimes. Jagmeet Grewal est accusé d’avoir causé la mort, par sa négligence criminelle, de quatre personnes, soit Gilles Marsolais, Michèle Bernier, Sylvain Pouliot et Robert Tanguay-Laplante. Il est aussi accusé d’avoir blessé quatre autres personnes.

Le 5 août 2019, en fin d’après-midi, la circulation était très lourde sur l’autoroute 440, près de la sortie 22, à Laval. C’est alors que le camion conduit par Jagmeet Grewal a percuté à près de 100 km/h les véhicules à l’arrêt sur l’autoroute. Une collision d’une extrême violence qui a provoqué un gigantesque incendie.

Pourtant, la visibilité, la météo et les conditions de la route étaient « optimales » ce jour-là. « C’était une journée parfaite d’été », a illustré MSimon Blais, qui fait équipe avec MAlexis Marcotte-Bélanger pour le ministère public. « Aucune trace de freinage n’a été retrouvée », selon MBlais.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Le 5 août 2019, en fin d’après-midi, la circulation était très lourde sur l’autoroute 440, près de la sortie 22, à Laval. C’est alors que le camion conduit par Jagmeet Grewal a percuté à près de 100 km/h les véhicules à l’arrêt sur l’autoroute.

« Grâce à la preuve, nous démontrerons que l’accusé n’a pas prêté attention au trafic devant lui, n’a pas eu une attention adéquate à la route, n’a pas vu le ralentissement et l’arrêt du trafic, n’a pas réagi aux conditions du trafic en ralentissant et n’a pas pris de mesures pour éviter la collision pendant les nombreuses secondes où il aurait pu réagir », a affirmé le procureur.

Erreur mortelle de la SAAQ

La Couronne avance que Jagmeet Grewal s’est fait retirer son permis de camionneur (classe 1) par la SAAQ en 2014 après avoir été impliqué dans un accident de la route qui lui a laissé des séquelles physiques et psychologiques en 2012. La SAAQ l’avait ainsi déclaré inapte de façon permanente à travailler comme camionneur, selon la poursuite.

Après avoir contesté la décision de la SAAQ, Jagmeet Grewal s’est finalement entendu avec l’organisme et a reconnu en 2018 son niveau « élevé d’incapacité » de conduite, soutient le ministère public. Il a alors commencé à toucher des indemnités de revenu de la SAAQ pour cette raison. Indemnités qu’il touchait toujours au moment de l’accident mortel, fait valoir MBlais.

« Plus tard en 2018, la SAAQ lui a redonné son permis de camionneur, à sa demande. Cependant, nous prouverons que c’était une erreur. En fait, la SAAQ considérait toujours l’accusé inapte à conduire un camion », a plaidé le procureur.

Ainsi, Jagmeet Grewal a « menti » dans son formulaire d’embauche afin d’être réembauché comme camionneur, allègue la Couronne. Il a ensuite fait une déclaration mensongère aux assurances à la suite de l’accident mortel.

« En août 2019, le profil de santé de M. Grewal le rendait non seulement inapte à conduire un camion, mais la preuve va prouver qu’il a eu un comportement malhonnête pour travailler comme camionneur. La preuve montre que le comportement général de M. Grewal dévie substantiellement de la conduite d’une personne raisonnable », a conclu MBlais dans sa déclaration.

Une employée de la SAAQ a été la première à témoigner pour la poursuite mercredi. Le procès est prévu pour quelques semaines.

Jagmeet Grewal est défendu par MPhilipe Knerr.