Le contexte des violences armées dans la métropole n’a pas aidé la cause de trois jeunes hommes accusés de trafic et de possession d’armes à feu dont une juge a ordonné la détention, vendredi, au palais de justice de Montréal.

« La détention est nécessaire, surtout dans le contexte actuel, alors qu’il y a beaucoup de meurtres et de violences à Montréal », a notamment déclaré la juge Joëlle Roy de la Cour du Québec en ordonnant l’incarcération de Kelly Bien-Aimé.

Ce dernier et trois autres jeunes hommes, Farsi Abdelnouk, Cherif Mahamat Ali et Jacky St-Jean, ont été arrêtés récemment et accusés de trafic d’armes à feu et de possession d’un revolver, à l’issue d’une courte enquête de l’unité des stupéfiants de la région sud du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) impliquant un agent double.

Les trois premiers ont demandé et obtenu une enquête sur remise en liberté mais pas St-Jean, qui y a renoncé.

Sale ou propre

L’enquête policière a débuté par une information de source et a d’abord été consacrée au trafic de stupéfiants. Rapidement, un agent double du SPVM a approché Jacky St-Jean pour lui offrir de s’impliquer dans ce trafic lui aussi.

« Mais de fil en aiguille, les discussions entre les deux ont porté sur les armes à feu, plusieurs textos ont été échangés et des photos ont été envoyées à l’agent double », a décrit la juge.

Par la suite, l’agent double a commencé à avoir davantage de contacts avec un certain Pendo, surnom de Bien-Aimé.

Selon des documents déposés lors de l’enquête sur remise en liberté, une demi-douzaine d’armes de poing ont été proposées à l’agent double, pour des sommes variant entre 3500 $ et 4500 $.

On lui a offert des armes « dirty », c’est-à-dire qui ont servi pour un crime, ou « clean », qui n’ont jamais été utilisées.

L’agent double a demandé une arme à feu sale, étant donné son budget.

Le 6 septembre dernier, l’agent double était en compagnie de Bien-Aimé lorsqu’Ali et Abdelnouk se sont présentés à eux. Abdelnouk tenait une boîte de chaussures. L’agent double lui a demandé de l’ouvrir et elle contenait une arme.

L’agent double s’est alors éloigné rapidement et les trois suspects ont été immédiatement arrêtés par les membres du Groupe tactique d’intervention (GTI).

PHOTO DÉPOSÉE EN COUR

L’arme à feu était dans cette boîte de chaussures déposée sur le plancher de la voiture où a eu lieu la transaction interrompue par le GTI.

La juge Roy a décrit Bien-Aimé comme « la pierre angulaire » du groupe. « Il est partout dans la preuve qui est forte, son implication est grande et nécessaire », a-t-elle dit.

Quant à Ali, elle a dit de lui qu’il était « engagé dans une criminalité inquiétante, qu’il a glissé dangereusement vers une criminalité plus importante qu’un vol de voiture ».

L’honorable Joëlle Roy a donc ordonné l’incarcération des trois individus sur les deuxième et troisième motifs, soit en raison des risques pour la société et pour ne pas miner la confiance du public dans l’administration de la justice.

Pour joindre Daniel Renaud, composez-le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.