Un second des quatre suspects qui ont pris part au violent braquage dans le domicile de Pietro Poletti en juin 2020 et ont battu l’ancien enquêteur du crime organisé du SPVM a plaidé coupable vendredi au palais de justice de Montréal.

Sandel Pierre, 20 ans, qui est détenu depuis son arrestation le jour de l’agression le 12 juin 2020, a reconnu sa culpabilité à des chefs de voies de fait, voies de fait avec lésions, introduction avec infraction et méfait.

La Poursuite, représentée par MPhilippe Vallières-Roland, demande huit ans de pénitencier alors que la Défense, assurée par MKristina Markovic, réclame une peine de quatre ans.

Les représentations sur la peine ont été reportées au 20 octobre devant la juge Joëlle Roy de la Cour du Québec.

« Tue-le » !

Le 12 juin 2020, vers 9 h 30 du matin dans l’arrondissement de LaSalle, trois hommes se sont présentés à la résidence de Pietro Poletti, enquêteur à la retraite et spécialiste du crime organisé, pendant qu’un quatrième complice les attendait dans sa voiture.

Lorsque M. Poletti a répondu à la porte, en robe de chambre, les trois suspects ont sauté sur lui et l’ont frappé, notamment à coups de brique et de balai à neige. Un des hommes a même crié : « tue-le, c’est lui, tue-le », avant que le trio quitte rapidement les lieux.

M. Poletti a souffert de quelques blessures, lacérations et ecchymoses et sa mère, âgée de 87 ans, a également été molestée dans la bagarre.

PHOTO DAVE SIDAWAY, ARCHIVES MONTREAL GAZETTE

Pietro Poletti, ex-enquêteur du SPVM

Trois des suspects ont été appréhendés par les policiers de Longueuil en fin d’après-midi le jour même de l’invasion de domicile et le quatrième ultérieurement.

Des analyses ont démontré qu’il y avait des taches du sang de Poletti sur les jeans de Pierre, ainsi que l’ADN de ce dernier et celui de l’ex-policier, sur la brique utilisée lors de l’agression.

Des empreintes digitales de Sandel Pierre ont aussi été prélevées sur une vitre de la porte d’entrée de la résidence.

Deux autres accusés dans cette affaire, Yadley Deutz-St-Jean et Mitchaino Bruno, subiront leur procès à compter de lundi prochain.

Le quatrième et dernier individu impliqué, Louis-Simon Jacques, qui a agi comme chauffeur, a déjà été condamné à 32 mois d’emprisonnement.

La juge s’impatiente

Le plaidoyer de culpabilité de Sandel Pierre devait être déposé à 9 h 30 vendredi matin, mais il a été retardé deux fois dans la journée ; la première fois parce que l’accusé n’avait pas été amené au palais de justice, alors que la juge avait pourtant émis une ordonnance à cet effet, et la seconde fois, parce qu’aucun agent correctionnel n’était disponible pour faire monter Pierre à la salle du 6étage où l’audience a été prévue.

« C’est une situation intolérable. C’est fréquent et ça met la justice à mal. Cela nous empêche d’être efficaces », a déploré la juge Roy.

« On nous demande de rentrer dans les délais, mais on n’a pas ce qu’il faut. On vit ça tous les jours et on ne sait plus comment réagir. La coordination ne fait pas les efforts nécessaires. Ça n’a pas de bon sens », a ajouté la magistrate.

Pierre est finalement arrivé au palais de justice à temps pour l’audience du début d’après-midi, mais le fait qu’aucun agent correctionnel n’était disponible pour l’escorter et le faire monter a été la goutte qui a fait déborder le vase pour la juge qui a demandé à voir le directeur de la détention sur le champ.

« Toutes les salles se sont ouvertes en même temps. On en a sept en attente, quand ce sera votre tour, on fera monter le détenu », a expliqué le directeur.

« Est-ce qu’il va falloir vous citer pour outrage au Tribunal ? Est-ce qu’il va falloir demander la tenue d’une commission d’enquête ? », a rétorqué la juge, peu satisfaite de la réponse du représentant des agents correctionnels.

« On a une rencontre avec les autorités la semaine prochaine. Nous avons eu beaucoup de départs avec la pandémie et il arrive souvent que nous transportions ou fassions comparaître des individus pour quelques minutes, cela nous accapare beaucoup. Je n’ai pas d’effectifs. J’en veux davantage. C’est tout ce que je peux vous dire », a répondu le directeur.

« Cela fait 30 ans que je suis dans le domaine judiciaire et je n’ai jamais vu ça », a conclu la juge Roy, qui a dit souhaiter que cette situation ne devienne pas banale ou normale.

Pour joindre Daniel Renaud, composez-le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.