Mort de Joyce Echaquan La famille réclame près de 2,7 millions en dommages

La famille de Joyce Echaquan poursuit le CISSS de Lanaudière et son personnel pour avoir négligé les soins de santé qui auraient dû être donnés à la mère de 37 ans, ce qui a causé sa mort. Ses proches réclament 2 675 000 $ en dommages punitifs.

Jeudi matin, la famille de Joyce Echaquan, morte le 28 septembre 2020 au CISSS de Lanaudière, a déposé une poursuite civile contre l’établissement de santé, la docteure Jasmine Thanh et l’infirmière Paule Rocray pour avoir notamment omis de soigner l’Atikamekw de Manawan « dans le respect de ses droits fondamentaux » et causé sa mort de manière prématurée dans des « conditions inacceptables ».

La poursuite civile est un pas vers la guérison, selon les proches de Joyce Echaquan. « C’est difficile aujourd’hui de vivre cela, mais on veut que justice soit faite pour ma fille, pour Joyce », a souligné la mère de la défunte, Diane Dubé, en atikamekw.

Aux côtés du conjoint de Joyce Echaquan, Carol Dubé, du grand chef de la Nation atikamekw, Constant Awashish, et du chef de la communauté de Manawan, Sipi Flamand, elle a convié les médias dans une conférence de presse, jeudi. Ils ont tous prononcés quelques mots pour lui rendre hommage et dénoncé le racisme systémique au Québec.

Le personnel du CISSS de Lanaudière aurait notamment tenu des propos racistes envers Joyce Echaquan et négligé d’examiner son état de santé, jugeant qu’elle souffrait d’un sevrage de narcotiques, peut-on lire dans la poursuite. On reproche également au CISSS de Lanaudière d’avoir failli à la protection des droits au secours, à la dignité, à la vie privée et à l’égalité de Joyce Echaquan.

 Il est impératif que les membres de la famille soient dédommagés pour le préjudice qu’ils ont subi, a indiqué M^e Patrick Martin-Ménard, l’avocat de la famille.

La famille demande 500 000 $ au CISSS de Lanaudière et 20 000 $ à Paule Rocray à titre de dommages punitifs. Les proches de Joyce Echaquan réclament également une compensation financière de plus de 2 millions à l’établissement de santé et à la docteure Thanh.

Le CISSS de Lanaudière était au courant

Avant d’avoir été admise à l’hôpital de Joliette le 26 septembre 2020, Joyce Echaquan avait consulté plusieurs fois pour des douleurs au ventre, sans que son état de santé fasse l’objet d’une évaluation complète, indique le procureur dans la poursuite.

Peu de temps avant sa mort, Joyce Echaquan s’était filmée dans son lit à l’hôpital de Joliette pour appeler à l’aide à sa communauté.

Dans la vidéo, on peut entendre des insultes racistes lancées à la mère de 37 ans par l’infirmière Paule Rocray. Des propos comme « asti d’épaisse de tabarnouche » ont été enregistrés.

Le CISSS de Lanaudière avait déjà été mis au courant du racisme systémique persistant dans l’établissement par la commission Viens en 2018. Une vingtaine d’Atikamekw de Manawan avaient alors témoigné et rapporté avoir subi de « mauvais traitements » de la part du personnel de l’hôpital de Joliette. Une ancienne infirmière du Centre hospitalier régional de Lanaudière (CHDL), Joliane Ottawa, avait même dénoncé des préjugés racistes entendus de ses collègues.

Lors de l’enquête du Bureau du coroner portant sur la mort de Joyce Echaquan, Barbara Flamand, l’agente de liaison autochtone au CISSS de Lanaudière en 2020, a témoigné que la totalité des patients qu’elle accompagnait ne se sentait pas en sécurité au CHDL.

Le racisme systémique reflète « un ensemble de pratiques enracinées dans les normes sociales d’un système, qui privent et excluent certains groupes à l’accès à des soins dans le respect de leurs droits », a précisé M^e Patrick Martin-Ménard.

En début de campagne, le premier ministre avait assuré que le problème à Joliette avait été réglé. « François Legault refuse de reconnaître le racisme systémique. Je lui demande des preuves que le racisme systémique n’existe pas dans les institutions sociétales », a déploré Carol Dubé, le conjoint de Joyce Echaquan. Le grand chef de la Nation atikamekw, Constant Awashish, et le chef de la communauté de Manawan, Sipi Flamand, ont également dénoncé les propos de M. Legault.

Le CISSS de Lanaudière a préféré ne pas commenter le dossier.