Dans un jugement rendu vendredi, la Cour d’appel du Québec fait passer de 10 ans à 15 ans de prison la peine de Jérémie McLaughlin-Thibault, reconnu coupable d’homicide involontaire l’an dernier.

M. McLaughlin-Thibault a frappé à plusieurs reprises Vickie Belle-Isle à la tête avec un rouleau de sacs de plastique industriels de 18 livres en juin 2019. La victime, une voisine de son agresseur à Pointe-aux-Trembles, a succombé à ses blessures. Le mobile demeure inconnu.

Le juge Daniel Royer, de la Cour supérieure, a condamné M. McLaughlin-Thibault à 10 ans de prison il y a un an, ce qui se situe dans le bas de la fourchette pour ce type de crime. Le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) a fait appel de la sentence.

Le plus haut tribunal de la province lui donne raison, estimant que le juge de première instance a commis plusieurs erreurs « manifestes et déterminantes » dans l’appréciation des facteurs aggravants de l’affaire.

« Que l’intimé n’ait pas eu l’intention de tuer la victime ne diminue en rien sa responsabilité morale », souligne le juge François Doyon, auquel se rallient ses collègues Mark Schrager et Patrick Healy.

L’absence de fracture notée par le juge Royer, par exemple, est attribuable à la nature de l’arme et « ne change rien à la brutalité de l’agression ». L’utilisation d’une arme est d’ailleurs un facteur aggravant auquel il convient d’accorder plus de poids que ne l’a estimé le juge de première instance.

Culpabilité morale « à un très haut niveau »

Les conséquences du crime pour la famille de la victime, que le juge Royer a balayées d’un revers de main au moment de décider de la peine à imposer, peuvent en fait constituer un facteur aggravant, note encore la Cour d’appel.

« Contrairement à ce que retient le juge, la culpabilité morale de l’intimé se situe à un très haut niveau », écrit le juge Doyon. Il s’appuie notamment sur « l’acharnement sur une victime inconsciente, l’usage d’une arme et les circonstances troublantes de l’attaque », qu’il décrit comme « gratuite, totalement injustifiée ».

Enfin, s’il a considéré les nombreux antécédents judiciaires du meurtrier, il « ne [voit] pas que le juge leur a accordé quelque poids », considérant la peine relativement clémente imposée, note la Cour d’appel. Jérémie McLaughlin-Thibault a accumulé une vingtaine de violations des conditions d’engagement ou de probation, deux introductions par effraction, six infractions de menaces, une agression armée et neuf voies de fait au cours de sept évènements distincts avant de tuer sa voisine.

Le tribunal acquiesce donc à la demande du DPCP, qui suggérait 15 ans d’emprisonnement.

Une version précédente de ce texte identifiait l’accusé comme Jérémie McLauchlin-Thibeault. Il s’agit en fait de Jérémie McLaughlin-Thibault. Nos excuses.