Le deuxième meurtrier allégué de Meriem Boundaoui a été accusé jeudi d’avoir tué la jeune fille de 15 ans en plein jour dans l’arrondissement de Saint-Léonard, l’an dernier. Son complice avait été arrêté puis accusé pour les mêmes motifs en début de semaine.

Vêtu d’un chandail noir, Aymane Bouadi, âgé de 27 ans, a brièvement comparu devant un juge au palais de justice de Montréal, jeudi avant-midi. Le jeune homme, qui n’a pas d’antécédents criminels, fait face à un chef de meurtre prémédité et quatre autres accusations de tentative de meurtre contre quatre autres personnes qui se trouvaient sur les lieux lorsque le crime a été commis.

Il s’agit des mêmes accusations que celles qui avaient été déposées contre Salim Touaibi, un homme âgé de 26 ans, arrêté puis accusé lundi. Les deux hommes sont considérés comme étant les principaux suspects, qui auraient été à bord du véhicule d’où les coups de feu ont été tirés.

D’après nos sources, Bouadi aurait été le passager, et Touaibi le conducteur. Dans les deux cas, « le dossier a été reporté au 22 juillet prochain pour la suite des procédures judiciaires, au stade de l’orientation », a fait savoir la porte-parole du Directeteur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), MAudrey Roy-Cloutier, en précisant que les suspects demeureront détenus dans l’intervalle.

MAnne-Andrée Charette, procureure en chef adjointe et responsable de l’équipe des Assises au DPCP, a par ailleurs précisé que les deux hommes sont accusés dans des dossiers « distincts », mais qu’il pourrait y avoir des « démarches ultérieures » pour tenir leurs procès simultanément. L’enquête policière pourrait par ailleurs continuer de progresser d’ici la prochaine audience, a poursuivi MCharrette peu après la comparution.

Cinq arrestations, des fouilles, pas d’arme identifiée

Le tout survient au lendemain de l’arrestation survenue mercredi, soit 16 mois après le meurtre de l’adolescente, de cinq suspects additionnels, dont Aymane Bouadi. On ne sait pas encore quand comparaîtront les autres suspects, qui ont été appréhendés pour d’autres chefs, dont menaces, voies de fait avec lésions ou encore trafic de stupéfiants.

Plus tôt, jeudi, La Presse rapportait que les enquêteurs SPVM n’ont pas lésiné sur les moyens pour élucider le meurtre de Meriem Boundaoui, devant un manque de collaboration de certains témoins clés. Une écoute électronique massive a été menée sur plusieurs fronts, des scénarios d’infiltration ont été utilisés, et des techniques d’enquête inusitées ont été mises en branle à l’étranger.

Originaire d’Algérie, Meriem Boundaoui se trouvait au Québec pour étudier et habitait chez sa sœur à La Prairie. Elle a été tuée par balle le 7 février 2021. Elle se trouvait avec un ami, passagère dans une voiture immobilisée dans le stationnement d’une boulangerie de la rue Jean-Talon, dans l’arrondissement de Saint-Léonard, lorsque le crime est survenu. À ce moment, trois projectiles ont alors traversé la vitre de la voiture dans laquelle elle se trouvait avant de l’atteindre à la tête.

Selon nos informations, le jeune homme qui accompagnait l’adolescente discutait avec d’autres jeunes lorsqu’une voiture avec deux individus à bord est passée près du groupe debout à proximité du véhicule et a ouvert le feu en sa direction. Un des jeunes debout près du véhicule a été blessé.

Mardi, des dizaines de patrouilleurs avaient fouillé un large boisé dans l’est de Montréal dans l’espoir d’y repérer l’arme utilisée pour tuer Meriem Boundaoui. Ils ont ratissé tout le secteur situé près du boulevard Gouin Est, sous le pont Charles-de-Gaulle, à l’aide de détecteurs de métal et d’un maître-chien. Un navire de recherche du SPVM effectuait aussi des fouilles, avec des agents à bord, le long de la rivière des Prairies.

Cela dit, « l’arme du crime n’a pas été trouvée », a admis mercredi le commandant de la Section des crimes majeurs, Paul Verreault. Il a indiqué que sept perquisitions ont été effectuées dans des résidences afin de procéder aux arrestations. Safia Boundaoui, la sœur de Meriem, a parlé d’un « soulagement » pour elle et sa famille. « On partage tous et toutes les mêmes émotions. On est choqués, mais en même temps, c’est de la joie aussi. C’est un soulagement en fait, c’est une lumière pour nous et pour l’âme de ma sœur », a-t-elle indiqué au bout du fil. « Ça fait aussi du bien pour les Montréalais, qui voient à quel point tout est déployé sur le terrain », avait quant à elle lancé la mairesse de Montréal, Valérie Plante.

Avec Daniel Renaud, La Presse