Un Montréalais de 34 ans accusé d’avoir agressé sexuellement sa demi-sœur de neuf ans à de multiples reprises a été acquitté mardi en raison de son démenti crédible et du manque de fiabilité des témoins de la Couronne. Les crimes qui lui étaient reprochés étaient particulièrement sordides.

La plaignante maintenant adolescente a témoigné au procès avoir été agressée à sept ou huit reprises par son « tonton » à l’été 2016 à Montréal. La fillette considérait l’accusé comme son oncle, mais dans les faits, il était son demi-frère puisqu’ils ont le même père. Pour protéger l’identité de la victime, nous ne pouvons nommer l’accusé dans cette affaire.

Cet été-là, l’accusé résidait dans le même appartement que la fillette. C’est donc en l’absence des parents de l’enfant que l’accusé passait à l’acte, selon le récit de la plaignante.

Un après-midi, la fillette affirme être entrée dans la chambre de l’accusé, alors qu’il se masturbait en visionnant une vidéo pornographique. Peu après, l’accusé lui aurait demandé de baisser son pantalon et de se mettre à quatre pattes. Selon la plaignante, c’est de cette façon que l’accusé l’a pénétrée dans l’anus pendant plusieurs minutes.

« Pendant l’agression, elle se disait que cela allait passer puisqu’il s’agissait de quelque chose de normal, que ce n’était pas si grave et que l’accusé arrêterait éventuellement », relate le juge.

L’accusé s’y est pris de la même façon à plusieurs reprises pendant deux semaines, a témoigné la plaignante. À la dernière occasion, la fillette soutient avoir ressenti de vives douleurs au bas du ventre comme si on la frappait. Elle était sur le point de pleurer. L’accusé a alors arrêté et lui a dit de sécher ses larmes. La plaignante dit avoir eu des saignements pendant une semaine.

Par après, la plaignante affirme être devenue « désagréable » et avoir « grandi trop vite pour son âge ». C’est en janvier 2021 qu’elle a tout dévoilé à sa mère. Cette dernière prétend avoir ensuite obtenu des aveux de l’accusé lors d’une rencontre familiale au McDonald’s. Après discussions avec le père de la fillette, en Afrique, la mère aurait demandé à l’accusé de faire quelque chose dans leur pays natal parce que cette situation était une « malédiction ».

Un « scénario monté » contre lui, se défend l’accusé

Au procès, l’accusé a fermement nié avoir agressé sexuellement sa demi-sœur. Il admet un seul évènement accidentel : avoir touché le dos de la plaignante en prenant une serviette dans la douche en 2014. Il soutient que cette affaire est un « scénario monté » contre lui pour l’inciter à quitter le Canada parce que son père l’avait désigné comme bénéficiaire de sa police d’assurance vie.

Le juge Érick Vanchestein estime que l’accusé a livré une version « simple, sincère et sans détour » en répondant à toutes les questions « sans aucune réticence », notamment celle sur sa surconsommation de pornographie. Même si son témoignage n’a pas été « totalement cru » par le juge, il ne peut être rejeté « totalement » et suscite un « doute à l’esprit » du Tribunal.

Le juge Vanchestein entretient également de « sérieux doutes » sur la fiabilité des témoins principaux de la Couronne. Le juge ne tient « aucunement rigueur » à la plaignante quant à ses imprécisions en lien avec les agressions, mais souligne sa « légère tendance à amplifier certains faits ».

Son récit perd surtout en fiabilité en raison d’un élément « central ». Selon la plaignante, l’accusé visionnait de la pornographie sur un ordinateur portable dans sa chambre avant les agressions. Or, l’accusé et la mère de la plaignante soutiennent que l’accusé n’avait pas d’ordinateur portable à cette époque.

Le juge relève également les « imprécisions importantes » et les « lacunes » du témoignage de la mère de la plaignante concernant les évènements qui ont suivi la dénonciation de sa fille.

Pendant son interrogatoire policier, l’accusé a déclaré que la fillette lui avait touché accidentellement le pénis par-dessus ses vêtements alors qu’elle jouait avec lui dans le salon en présence d’autres membres de la famille. Selon le juge, il ne s’agit pas d’un aveu « valable », puisque l’enquêtrice s’est montrée trop insistante pendant l’interrogatoire.

MCharles Doucet a mené le dossier pour le ministère public, alors que l’accusé était défendu par MJulien Archambault.