L’importante saisie de cocaïne, de crystal meth et d’armes annoncée mardi par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) est un exemple parfait de l’importance que prennent de plus en plus les organisations criminelles indépendantes et les membres de gangs de rue dans l’importation et la distribution de produits illicites dans la région métropolitaine et au Québec.

C’est ce que croit le commandant de la Division du crime organisé du SPVM, Francis Renaud, selon qui ces organisations, qui jouent maintenant dans la cour des grands comme la mafia, les motards et le crime organisé irlandais ou libanais, « seront de plus en plus présentes » sur l’échiquier du crime organisé montréalais.

C’est exactement la nouvelle couleur du crime organisé. C’est-à-dire que ce sont des individus de toutes les communautés culturelles, dont certains sont issus des gangs de rue, qui se sont mis à collaborer ensemble dans un but commun, l’argent.

Francis Renaud, commandant de la Division du crime organisé du SPVM

« Ces gens-là ont dû avoir l’aval de certains joueurs importants et puisqu’ils ont été utiles à ces derniers, ils ont pu vaquer à leurs occupations », explique M. Renaud.

« Ce n’était pas des individus qui flashaient, mais on évalue qu’ils écoulaient au moins 25 kg de cocaïne par semaine, ce qui se compare aux grosses organisations comme la mafia, les Hells Angels et d’autres. »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Francis Renaud, commandant de la Division du crime organisé du SPVM

« Ils fournissaient les gangs de rue de Montréal et des couronnes nord et sud. Ils ne jouaient pas dans les talles de la mafia et des motards, mais ils étaient capables d’avoir du produit [cocaïne] de très bonne qualité et de le fournir. Ils avaient la cote auprès des autres organisations criminelles et n’arrêtaient jamais », poursuit le commandant du SPVM.

Surpris par l’ampleur

Mardi, le SPVM a annoncé que ses enquêteurs de l’Antigang avaient saisi pas moins de 54 kg de cocaïne, 46 kg de crystal meth, près de 170 000 comprimés de méthamphétamine et 36 kg de cannabis, évalués au total à 4 millions.

Au cours de cette enquête baptisée Auxo, commencée il y a un an, ils ont aussi mis la main sur une astronomique somme de 1,3 million et huit armes à feu, dont une carabine d’assaut de type AR-15.

PHOTO FOURNIE PAR LE SPVM

L’une des armes à feu saisies.

Tout a commencé lorsqu’après avoir reçu des informations d’une source, les enquêteurs ont rapidement saisi plus de 20 kg de cocaïne.

Ils ont été surpris par l’ampleur et ont réalisé qu’il fallait une enquête plus importante pour démanteler l’organisation.

Francis Renaud, commandant de la Division du crime organisé du SPVM

De fil en aiguille, les limiers ont constaté que la cocaïne arrivait de Toronto, où les trafiquants auraient eu une « porte », c’est-à-dire un contact pour faire entrer la drogue au pays.

Par la suite, la cocaïne, d’autres drogues, mais aussi des armes à feu, étaient transportées vers Montréal et distribuées à différents groupes criminels.

Les enquêteurs ont aussi assisté à des transports de fortes sommes d’argent vers Toronto et de nombreuses allées et venues entre les deux métropoles.

À Mirabel, ils ont perquisitionné dans une cache de drogue, d’argent et d’armes à feu au moment où l’un des suspects appréhendés, Rudy Louis Étienne, aurait voulu vider l’endroit. C’est à ce moment qu’ils ont mis la main sur les 46 kg de crystal meth et six armes de poing avec des chargeurs et des munitions.

À Brossard, ils ont également saisi une arme à feu chez un certain Sami Hashemi. Ce dernier et Étienne ont été accusés de possession d’arme et sont demeurés détenus.

Deux autres hommes et une femme ont également été appréhendés, accusés et libérés sous conditions, en attendant la suite des procédures.

Des frappes prolifiques

L’annonce de cette frappe survient près d’un mois après une saisie « historique » résultant du démantèlement d’un autre réseau majeur de production et de distribution d’amphétamines.

Une large opération de ratissage entamée au petit matin avait alors donné lieu à 26 perquisitions à Montréal, à Laval, en Montérégie et dans les Laurentides. « C’est notre Breaking Bad du Québec », avait alors illustré Francis Renaud.

Aujourd’hui, on voit une perquisition historique qui vient couper des revenus qui soutiennent l’achat d’armes à feu.

Valérie Plante, mairesse de Montréal, en conférence de presse il y a un mois

Elle s’était alors réjouie du travail de longue haleine des équipes du SPVM, disant vouloir continuer de lutter contre l’augmentation des crimes armés à court, à moyen et à long terme.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.