Une centaine de pompiers ont été mobilisés pour tenter d’éteindre un important brasier sous un soleil de plomb à Montréal-Est, dimanche. Le feu, qui a touché un centre de tri, a possiblement été causé par un « cocktail » de matériaux non destinés au recyclage, selon l’entreprise Matrec.

Vers 10 h 30, un incendie a pris naissance dans des matériaux du centre Koncas Recyclage au 10920, rue Sherbrooke Est.

« Nous sommes en alerte générale. C’est le plus haut niveau d’alerte. Environ 150 pompiers sont sur place », a alors indiqué le chef de la section prévention du Service de sécurité incendie de Montréal, Matthew Griffith.

  • PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

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En milieu d’après-midi, la fumée orangeâtre recouvrait le ciel de ce quartier industriel. Le brasier n’était toujours pas maîtrisé et se propageait à l’intérieur du bâtiment. « On est en mode défensif, on est à l’extérieur et on arrose pour essayer d’abattre les flammes et éteindre l’incendie », a dit M. Griffith.

Le bâtiment est isolé, donc il n’y a pas eu de risque de propagation à d’autres immeubles.

« On essaie quand même de limiter les dégâts. Notre mission, c’est de sauver des vies, des biens et l’environnement, alors on veut minimiser l’incendie », poursuit-il.

Le centre est fermé le dimanche, mais trois travailleurs de maintenance étaient sur les lieux lors du début de l’incendie. Ils ont été évacués, et aucun d’entre eux n’est blessé.

La chaleur accablante a rendu le travail des pompiers plus ardu. « Des douches sont à la disposition des pompiers, on distribue des boissons rafraîchissantes et on s’assure qu’il y ait un roulement dans les équipes », a détaillé M. Griffith.

Une interruption de courant a lieu dans le secteur. Près de 2000 clients ont manqué d’électricité, selon le site internet d’Hydro-Québec.

Un important périmètre a été mis en place. Les autorités ont fermé la rue Sherbrooke, entre Broadway et Joseph-Versailles.

Vers 21 h, le SPVM a indiqué à La Presse que les pompiers prévoyaient poursuivre leur travail durant « une bonne partie de la nuit » et que le périmètre serait conservé.

Du travail à faire

Yazan Kano, vice-président régional de Matrec, l’entreprise de gestion de déchets qui s’occupe du centre Koncas Recyclage, estime que la présence de matériaux qui ne vont pas au recyclage dans le centre de tri a pu être à l’origine de l’incendie.

« On n’a pas encore identifié la cause. On va laisser les pompiers faire leur travail, concède Yazan Kano. Mais souvent, et surtout ces jours-ci puisqu’on est dans le temps des piscines, il y a du monde qui jette du chlore dans les conteneurs. Ça peut aussi être des voisins qui vident leurs cabanons, ou encore des batteries. Donc, c’est peut-être un cocktail de tout ça. »

Les batteries au lithium dans le recyclage, c’est quelque chose qu’on voit beaucoup. Les citoyens sont mal éduqués.

Yazan Kano, vice-président régional de Matrec

Cette hypothèse est plausible pour Louise Hénault-Ethier, professeure associée à l’Institut national de la recherche scientifique. « Il ne faut jamais mettre des matières potentiellement explosives dans le recyclage, avertit-elle. C’est un danger réel qui peut mettre en jeu la santé des travailleurs. »

« La combustion d’éléments organiques non contrôlée peut être nocive pour la santé [des résidants des environs], remarque la chercheuse. Quelque chose qui brûle dans un environnement où les conditions ne sont pas optimales va possiblement dégager des composés de suie et de poussières dans l’air. C’est pour ça qu’on évite normalement de faire brûler les ordures. »

L’incendie risque de nuire à la propreté de l’air dans l’est de la métropole. Mais la présence de raffineries de pétrole et « l’utilisation industrielle » de ce territoire ont déjà des conséquences pour la qualité de l’air, continue-t-elle. Facteur atténuant : compte tenu de l’isolement du bâtiment, les impacts humains seront moins graves que si le feu s’était déclaré dans un secteur fortement densifié.

Yazan Kano a eu connaissance de « trois ou quatre » incendies déclenchés dans un contexte similaire, seulement en 2022. « D’habitude, on est plus chanceux, on est capables de les maîtriser plus rapidement. Avec de la machinerie lourde, on sort le feu, puis on appelle les pompiers. Ce matin, il n’y avait rien à faire. »

Le centre Koncas Recyclage dessert un large territoire : une bonne partie de la Rive-Nord, l’île de Montréal et quelques endroits sur la Rive-Sud.

« C’est un gros challenge qui nous attend. Dès demain, on se met sur la table à dessin et on crée un plan d’urgence » pour maintenir le service aux citoyens, complète Yazan Kano.

En savoir plus
  • 150 000
    Le centre Koncas Recyclage reçoit entre 150 000 et 200 000 tonnes de matières recyclables par année.
    MATREC