Le champion de poker québécois Jonathan Duhamel n’aura pas à payer d’impôts sur ses gains au poker.

En 2010, Jonathan Duhamel a remporté le tournoi principal des Séries mondiales de poker, qui s’est tenu à Las Vegas. L’homme de 23 ans a été sacré champion du monde de poker et a empoché 8,9 millions US (environ 11,5 millions CAD)

Suivant sa victoire, l’Agence du revenu du Canada (ARC) lui a réclamé environ 1 million de dollars en impôts sur ses gains de 2010 à 2012, jugeant qu’il exploitait une entreprise par ses activités de jeu de poker. Une décision vivement contestée par M. Duhamel.

Les jeux de hasard ne sont pas imposés au Canada, contrairement aux États-Unis. L’ex-champion du monde estime donc que les gains provenant de ses activités de jeu de poker ne devraient pas être inclus dans le calcul de son revenu.

La Cour canadienne de l’impôt lui a finalement donné raison mardi. « […] la Cour conclut, selon la prépondérance des probabilités, que les activités de jeu de poker de M. Duhamel ne sont pas exercées de manière suffisamment commerciale pour constituer une source de revenu d’entreprise aux fins de la Loi », peut-on lire dans le jugement.

Les gains nets tirés de ses activités de jeu de poker n’ont donc pas à être inclus dans le calcul de son revenu, a tranché la Cour. En cas de victoire de l’ARC devant les tribunaux, Revenu Québec aurait pu décider de lui réclamer une somme semblable.

« Je suis très content des résultats pour mon client », a déclaré à La Presse l’avocat de Jonathan Duhamel, Yves Ouellette.

Un jeu « imprévisible et instable »

Jonathan Duhamel, aujourd’hui âgé de 34 ans, a su démontrer que la capacité de produire un gain au jeu de poker est « imprévisible et instable ». En excluant le tournoi principal des Séries mondiales de poker en 2010 et le tournoi de la Fondation One Drop en 2015, il a enregistré des pertes totalisant plus de 1 million de dollars de 2010 à 2018.

« La Cour conclut, selon la prépondérance des probabilités, que M. Duhamel n’exerçait pas ses activités de jeu de poker de la même façon que l’aurait fait un homme d’affaires sérieux », note le jugement, ajoutant « que le jeu de poker est un loisir ou un divertissement, qu’il joue par passion du jeu et qu’il n’avait pas l’intention de gagner sa vie en jouant au poker ».

En novembre 2020, au début de l’audience de son litige avec le fisc, il a avoué avoir arrêté parce qu’il craignait de perdre le reste de ses millions gagnés au début de sa carrière au poker. Les nombreuses pertes d’argent lors de tournois et la naissance de ses enfants l’ont amené à revoir ses priorités.