(Québec) Les crimes contre la personne ont bondi dans la capitale en 2021, une tendance inquiétante qui a aussi été constatée à Montréal et dans le reste de la province. À Québec, la police attribue notamment cette hausse à une flambée des signalements en matière de violence conjugale.

Le Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) a dénombré 7485 crimes contre la personne l’année dernière, ce qui représente une hausse de 16 % par rapport à la moyenne de 2015-2020. Les crimes contre la personne incluent les homicides, les agressions sexuelles, les voies de fait, les menaces, etc.

Les voies de fait et les menaces ont connu une hausse marquée, tout comme les agressions sexuelles (de 296 en 2020 à 424 en 2021). Le nombre d’homicides est resté stable.

« La hausse des infractions de voies de fait et de menaces est surtout attribuable à une hausse des signalements de situations de violence conjugale », indique dans un courriel David Pelletier, porte-parole du SPVQ.

Le SPVQ y voit une conséquence directe de la pandémie de COVID-19 où les gens ont été confrontés à plusieurs épisodes de confinement venant perturber leur quotidien, voire leur situation intrafamiliale et/ou conjugale.

David Pelletier, porte-parole du SPVQ

Le nombre de voies de fait a en effet bondi. On est passé de 3483 évènements en 2020 à 4060 en 2021. Le nombre de cas de harcèlement criminel (de 569 à 747) et le nombre de cas de menaces (1369 à 1577) ont aussi connu des hausses marquées.

La hausse est particulièrement élevée par rapport à 2020, année où les crimes contre la personne ont été en recul dans un contexte de confinements. Mais les chiffres de 2021 sont aussi supérieurs à ceux de 2019.

Le SPVQ estime par ailleurs qu’« une plus grande sensibilisation générale de la population fait en sorte que les victimes sont davantage enclines à dénoncer, à porter plainte et ainsi aller au bout du processus judiciaire ».

Au Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale, cette augmentation des signalements n’est pas une surprise.

« On a constaté effectivement dans les demandes de services et ce que les femmes nous ont dit une hausse de la violence conjugale et une hausse des agressions que vivent les femmes », indique Louise Riendeau, coresponsable des dossiers politiques.

« Et donc je ne suis pas surprise que le SPVQ arrive au même constat », ajoute-t-elle, soulignant que certaines femmes se sont retrouvées prises « 24 heures sur 24 avec leur conjoint ».

Moins de crimes qu’en 1990

Ce phénomène de hausse des crimes contre la personne ne touche pas que Québec. Dans la métropole, ils ont bondi de 17 % en cinq ans, selon les chiffres du Service de police de la Ville de Montréal. Ils ont aussi atteint un sommet sur le territoire de la Sûreté du Québec en 2021.

Cette augmentation du nombre de crimes contre la personne survient dans un contexte où les crimes ont beaucoup diminué au pays depuis les années 1990. Après avoir atteint un sommet au pays en 1991, les taux de crimes pour 100 000 habitants n’ont cessé de baisser jusqu’en 2014, année où ils ont commencé à remonter tranquillement.

GRAPHIQUE FOURNI PAR STATISTIQUE CANADA

Le taux de crimes pour 100 000 habitants au Canada

« Ce qui est difficile à savoir, c’est si la hausse actuelle est le début d’une hausse à plus long terme. Si on est au début d’une hausse pour atteindre des sommets, alors c’est un peu plus inquiétant », indique Rémi Boivin, professeur de criminologie à l’Université de Montréal, qui rappelle que « si on compare avec les années 90, la criminalité aujourd’hui est à un niveau très faible ».

Les dernières données de Statistique Canada pour 2021 seront connues cet été et donneront une idée de la tendance. Dans les dernières années, les crimes étaient en croissance chaque année, sauf en 2020, jalonnée de nombreux confinements.

« En bas de cinq ans, tu ne peux pas vraiment parler de tendance. En haut de cinq ans, tu peux commencer à parler de tendance à la hausse », note Rémi Boivin.