(Ottawa) La police militaire a inculpé le lieutenant-général à la retraite Trevor Cadieu de deux chefs d’agression sexuelle, trois mois après que l’officier de longue date a raccroché son uniforme et s’est dirigé vers l’Ukraine alors qu’il faisait toujours l’objet d’une enquête criminelle.

Les accusations ont été annoncées mercredi par le chef de la police militaire du Canada, le brigadier-général Simon Trudeau, Grand Prévôt des Forces canadiennes, et concernent des incidents qui auraient eu lieu en 1994 au Collège militaire royal de Kingston, en Ontario.

Trevor Cadieu, qui a précédemment nié tout acte répréhensible, devait prendre la relève en tant que commandant de l’armée canadienne en septembre dernier. Vétéran de la Bosnie et de l’Afghanistan, il a récemment fourni des analyses et des conseils au chef d’état-major de la défense.

Mais sa nomination en tant que commandant de l’armée a été suspendue, car la police militaire a enquêté sur ce qui a été décrit comme des « allégations historiques » contre lui, que Trevor Cadieu a qualifiées de fausses dans une déclaration à l’époque.

Il a ensuite pris sa retraite début avril alors que l’enquête se poursuivait. Des sources non autorisées à commenter ses allées et venues ont déclaré qu’il s’était rendu en Ukraine pour aider à combattre l’invasion russe.

Trevor Cadieu a indiqué dans une déclaration : « Je viens d’être informé que j’ai été inculpé par le SNEFC (Service national des enquêtes des Forces canadiennes). Je prends des dispositions pour revenir au Canada depuis l’Ukraine, et je continuerai de coopérer à ce processus, comme je l’ai fait depuis le début. »

Pendant ce temps, M. Trudeau a défendu la décision de faire inculper Trevor Cadieu par la police militaire à la lumière de l’appel de la juge à la retraite de la Cour suprême Louise Arbour pour le transfert des enquêtes criminelles sexuelles des autorités militaires aux autorités civiles.

Le Grand Prévôt a noté que Mme Arbour laissait la porte ouverte à la possibilité de laisser les enquêtes à la police militaire si elles étaient presque terminées, ajoutant : « Comme cette enquête était presque terminée, le service de police civile de compétence concurrente a choisi de ne pas l’accepter. »

Une décision similaire a été prise dans le cas du vice-amiral à la retraite Haydn Edmundson. L’ancien chef des ressources humaines de l’armée a été inculpé en décembre d’un chef d’agression sexuelle et d’un chef d’actes indécents, et son procès est prévu pour août 2023.

La cause de Trevor Cadieu sera entendue par le système judiciaire civil.

Il est l’un des nombreux commandants supérieurs à avoir fait l’objet d’une enquête de la police militaire pour inconduite sexuelle présumée au cours des deux dernières années.

Ces allégations ont forcé l’armée à se rendre compte de son incapacité à lutter contre les comportements inappropriés. Elles ont également suscité des critiques sur la façon dont le gouvernement libéral a géré la question et des appels à une surveillance plus externe de l’armée.

Trevor Cadieu a vigoureusement nié tout acte répréhensible dans une déclaration l’automne dernier, disant : « Les allégations sont fausses, mais elles doivent faire l’objet d’une enquête approfondie pour exposer la vérité. » Il a indiqué avoir fourni des informations aux enquêteurs pour prouver son innocence.

L’officier à la retraite a également déclaré à l’époque qu’il avait demandé au général Eyre de choisir quelqu’un d’autre pour servir en tant que commandant de l’Armée canadienne, ajoutant : « Je sais que ces fausses déclarations créeront, comme prévu, des doutes sur ma capacité à diriger dans cet environnement. »

La décision de Trevor Cadieu de se rendre en Ukraine faisait suite à un ordre du général Eyre interdisant aux membres actifs des Forces armées canadiennes de se joindre aux milliers d’étrangers qui ont afflué dans le pays pour aider à combattre l’invasion russe.

La Russie aurait menacé de poursuites pénales tout étranger capturé en train de combattre en Ukraine, tandis qu’un officier supérieur canadien a évoqué le mois dernier le spectre d’une tentative de Moscou d’utiliser des combattants étrangers capturés à des fins de propagande.