La victime d’une fusillade survenue dans la nuit de lundi à mardi dans l’arrondissement de Lachine, à Montréal, traînait un lourd passé criminel. Bien connu dans le quartier, Jonathan Plouffe pourrait avoir été victime de ses mauvaises fréquentations, croient des résidants inquiets par la montée de la violence dans leur secteur.

L’homme de 34 ans cumulait plus d’une soixantaine de causes devant les tribunaux, y compris trois causes toujours pendantes, soit deux pour des affaires de menaces et une autre pour voie de fait.

Les policiers ont été avisés d’une détonation entendue rue Richmond, non loin de l’avenue Saint-Pierre, vers 23 h 30. Selon nos informations, la victime aurait croisé le suspect. S’en serait suivi un échange verbal entre les deux, puis le suspect aurait fait feu sur Jonathan Plouffe avant de prendre la fuite.

Atteinte au haut du corps, la victime a été transportée à l’hôpital dans un état critique. Son décès a été confirmé peu après. Cet homicide est le onzième à avoir été commis sur le territoire de la police de Montréal depuis le début de l’année.

Les enquêteurs de la section des crimes majeurs sont responsables de l’enquête. Ils tenteront de déterminer les circonstances exactes de cet évènement. Mardi, un périmètre de sécurité a été établi autour du lieu du drame, situé dans l’allée de côté d’un immeuble résidentiel, à un jet de pierre de l’échangeur Saint-Pierre.

Des voisins craintifs

Plusieurs voisins de la scène ont confié à La Presse avoir aperçu à de nombreuses reprises Jonathan Plouffe alors qu’il quêtait non loin du coin de rue où il a été abattu, un endroit très achalandé, surplombé par l’autoroute 20.

Tous ont refusé d’être identifiés puisqu’ils disent craindre pour leur sécurité au moment où ils constatent une montée de la violence dans le secteur.

« C’était vraiment quelqu’un de gentil, mais il avait certainement un tempérament explosif. La dernière fois que je l’ai croisé, je me suis dit : “Ça ne sera pas long avant qu’il se fasse tuer” », a confié une voisine de la scène.

Selon cette dernière, Jonathan Plouffe avait récemment été embauché comme « cleaner » par les résidants d’un immeuble non loin des lieux du crime qui le rémunéraient afin qu’il nettoie après des fêtes dans leurs appartements.

« Déjà, il ramassait les déchets dans la rue et les mettait dans la poubelle. C’était une bonne personne, mais clairement il avait ses démons », a-t-elle ajouté de son balcon.

« Il est venu me demander de la crème solaire une fois. Il était gentil, mais on voyait qu’il n’était pas bien », a indiqué un autre voisin selon qui Jonathan Plouffe aurait été aperçu il y a quelques jours avec une importante blessure à la jambe.

Évincé de son logement

La victime partageait son temps entre le coin de rue où elle a été abattue et son appartement de l’avenue Windsor, non loin de là.

Vitre cassée, meubles retournés, déchets répandus au sol : le logement qu’il habitait jusqu’à récemment était complètement sens dessus dessous, a pu constater La Presse.

Jointe par téléphone, sa propriétaire ignorait tout des évènements de la veille. Sous le choc, elle a témoigné des difficultés qu’elle avait éprouvées avec son défunt locataire qu’elle affirme avoir réussi à évincer le 13 avril dernier au terme de démarches entreprises auprès du Tribunal administratif du logement.

Il faisait peur à tout le monde dans l’immeuble, même que les locataires du même palier avaient décidé de partir.

La propriétaire du logement où résidait Jonathan Plouffe

Les dernières traces laissées par Jonathan Plouffe dans le système judiciaire, lorsqu’il était accusé d’avoir proféré des menaces en mars dernier, montrent qu’il résidait alors aussi à la Mission Old Brewery, un refuge pour sans-abri du centre-ville de Montréal.

Onde de choc

Dans Lachine, plusieurs résidants du secteur étaient sous le choc mardi. Selon Benoit Nadeau, un voisin de la scène, plusieurs coups de feu ont été entendus ces derniers temps dans le quartier.

« C’est rien que ça, ici. Et attendez de voir cet été, ça ne fait que commencer », s’est inquiété l’homme qui réside rue Richmond depuis cinq ans. « Il y a deux semaines, c’était dans la ruelle à côté. »

En effet, une autre tentative de meurtre aurait alors eu lieu non loin du drame de lundi dans une ruelle à deux coins de rue de là, selon ce qu’ont indiqué plusieurs résidants du coin.

Ce nouvel homicide survient au moment de la publication du rapport annuel 2021 du SPVM selon lequel les crimes contre la personne sont en hausse à Montréal, particulièrement ceux qui impliquent des armes à feu.

Avec la collaboration de Daniel Renaud, La Presse