Un fraudeur qui a escroqué plus de 500 000 $ à une trentaine de victimes en se faisant passer pour un riche investisseur devrait être condamné à trois ans de pénitencier, selon la Couronne. Gyula Jr Barta a appâté ses victimes avec un abracadabrant « grand tirage » de 3,25 millions.

Deux gros lots d’un million de dollars, des dizaines de prix mirobolants, un souper à 200 000 $. Cet improbable tirage appuyé par un mystérieux milliardaire a fait rêver bien des gens en 2014. En réservant un « siège » de 250 à 2500 $ pour la conférence de Gyula Jr Barta, les chanceux avaient de bonnes chances de remporter ces prix alléchants.

« Tout ça vous apparaît un peu difficile à croire ? Vous n’êtes pas certain que ce soit sérieux ? Pourtant ça l’est ! », assurait le fraudeur dans la lettre d’invitation à sa conférence.

Or, tout cela n’était qu’un tissu de mensonges. Des familles complètes se sont ainsi ruinées pour se procurer ces faux billets auprès de Gyula Jr Barta. « Ce sont des gens qui ne sont pas fortunés. Des gens qui ont perdu leur maison. Il y a eu de la détresse », a résumé lundi le procureur de la Couronne MDenis Trottier. Le Montréalais de 60 ans a plaidé coupable à 12 chefs d’accusation de fraude en novembre dernier.

Si Gyula Jr Barta a réussi à convaincre ses victimes, c’est qu’il joue depuis des années un crédible personnage d’investisseur prolifique à la tête d’une équipe de « traders ». Il a d’ailleurs soutiré 125 000 $ à une victime en 2009 en lui faisant miroiter des rendements mirobolants.

Dépeint par ses amis comme un homme cultivé, généreux et extrêmement sensible, le fraudeur a ciblé ses connaissances de longue date pour sa grande arnaque. « C’est quelqu’un en qui on avait confiance », a confié l’an dernier un homme qui a perdu 10 000 $. « Ça semblait être le cadeau de quelqu’un qui était riche », a expliqué une autre victime.

Le ministère public a réclamé lundi une peine de trois ans de détention lors des observations sur la peine. Parmi les facteurs aggravants, le procureur a relevé la sophistication du stratagème frauduleux et le nombre de victimes. De plus, Gyula Jr Barta a vécu de la fraude pendant sept ans, se payant même de nombreux voyages.

La Couronne réclame également l’imposition d’une amende de 500 000 $ au fraudeur. Si ce dernier ne rembourse pas ses victimes en 10 ans, il risquerait une peine supplémentaire de trois de prison.

Se défendant seul, Gyula Jr Barta a demandé une peine de deux ans moins un jour au juge Robert Marchi. Le fraudeur a présenté ses « profonds regrets » aux victimes, se disant conscient que ses mensonges avaient brisé leurs « rêves ». « J’ai extrêmement honte », a-t-il insisté. Le fraudeur souhaite maintenant que son « vécu aide les gens ».

La sentence est prévue en juin prochain.