Une vague de vols à main armée dans les boutiques de téléphones cellulaires inquiète de plus en plus l’industrie

« Tout le monde au sol ! » Une importante vague de vols à main armée frappe la région de Montréal. En plein jour, des voleurs encagoulés ont récemment dévalisé plus d’une vingtaine de boutiques de téléphones cellulaires. Ils braquent leur arme sur les employés et les clients, puis repartent avec des milliers de dollars en appareils électroniques.

Dimanche dernier, deux hommes masqués ont fait irruption dans une boutique Vidéotron de Gatineau alors qu’elle était bondée de clients. Il était à peine 13 h.

« Ils ont demandé aux huit clients de se coucher par terre et ils ont pris un par un leur téléphone pour que personne n’appelle le 911 », raconte Paul Milot, propriétaire de la succursale.

« Ils savaient exactement ce qu’ils faisaient. Ils ont demandé aux [deux] employés d’aller dans le backstore, de débarrer le coffre, et ils ont vidé le contenu. Les employés ont eu un fusil braqué sur eux, tout au long », explique M. Milot.

Ce braquage à Gatineau est loin d’être un cas isolé. Depuis le mois d’avril, La Presse a recensé au moins 20 vols à main armée survenus dans des magasins Vidéotron, mais aussi La Source, Fido, Bell, Rogers et Telus. Ils ont eu lieu à Saint-Eustache, Longueuil, Salaberry-de-Valleyfield, Saint-Jérôme et Vaudreuil pour n’en nommer que quelques-uns.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

Message affiché à l’entrée d’une boutique Vidéotron de Longueuil

À Boisbriand, deux hommes encagoulés et armés ont dérobé les téléphones du Rogers, le 13 mai. Même si c’est le seul vol qualifié commis sur le territoire de la Régie intermunicipale de police Thérèse-De Blainville récemment, la police parle tout de même d’une « vague préoccupante ».

« C’est préoccupant sur le plan de la violence utilisée par les suspects. Ils utilisent des armes et profèrent des menaces », explique l’inspecteur Martin Charron. En 32 ans de service, le policier ne se rappelle pas avoir constaté autant de vols, aussi rapprochés.

Le Service de police de l’agglomération de Longueuil a quant à lui confirmé que deux vols à main armée étaient survenus récemment sur son territoire. « L’enquête est en cours, mais l’explication [selon laquelle] que les téléphones sont destinés à l’outre-mer est plausible », a affirmé l’agente Mélanie Mercille.

Des suspects mineurs

Deux voleurs masqués ont aussi dévalisé la boutique de Pierre, une fin d’après-midi du mois d’avril. Dès qu’ils ont franchi la porte, les cambrioleurs ont pointé leur arme à feu vers la tête des deux employés. Il n’y avait aucun client dans le magasin.

« Ils ne criaient pas. Ils étaient assez calmes, mais très directifs. Ils ont tout de suite demandé d’aller dans le backstore et d’ouvrir le coffre-fort. Ils n’ont même pas demandé si on avait de l’argent », explique le franchisé qui n’est pas autorisé à parler aux médias.

Dans le cas de Pierre, les voleurs se sont emparés d’une cinquantaine d’appareils d’une valeur totale de plus de 55 000 $. Ils étaient particulièrement intéressés par le nouveau iPhone 13 Pro Max, qui se vend 1550 $.

Les policiers ont réussi à arrêter sept suspects depuis la fin du mois d’avril, mais les crimes se poursuivent. Le 18 mai seulement, trois vols sont survenus le même jour. Le lendemain, deux vols ont eu lieu à Longueuil et à Saint-Jérôme. Le même jour, les bandits ont raté leur coup au magasin Vidéotron du Quartier DIX30, où ils se sont butés à des portes verrouillées.

L’âge des suspects varie de 15 à 23 ans, et au moins trois d’entre eux sont mineurs.

Crimes des gangs de rue ?

Selon André Gélinas, policier retraité de la section du renseignement du Service de police de la Ville de Montréal, ces vols en série ressemblent aux crimes des gangs de rue. « Les gangs ne s’intéressent pas qu’à la drogue, alors peut-être qu’ils se sont embarqués là-dedans. C’est intéressant pour eux d’utiliser des jeunes. Certains sont facilement manipulables et impressionnables si on leur donne de l’argent et un gun. »

L’Association canadienne des télécommunications sans fil (ACTS) affirme que « les criminels espèrent tirer profit de ces crimes en vendant des appareils volés à des individus sans méfiance ».

Nous encourageons les particuliers à n’acheter des appareils qu’auprès de sources fiables et réputées.

Nicholas Kyonka, directeur du marketing de l’ACTS

Dès que les téléphones sont volés, ils sont inscrits à la liste noire gérée par l’ACTS et sont automatiquement bloqués partout au Canada. Ils peuvent cependant être expédiés à l’étranger, où ils seront fonctionnels.

Depuis le début de la semaine, les magasins Vidéotron verrouillent en permanence les portes de leur commerce. Les clients doivent montrer leur visage et présenter une pièce d’identité pour y entrer.

« Le niveau de stress est quand même élevé à force d’entendre qu’il y a autant de vols », raconte le franchisé Pierre. « Ça n’affecte pas juste les deux employés qui étaient présents pendant le vol : ça affecte tous les employés. La semaine dernière, j’ai eu une démission d’une personne qui craignait de vivre ça. Elle a aimé mieux se trouver un autre emploi », se désole l’homme d’affaires.

Que faire avant d’acheter le téléphone d’un revendeur ?

Les acheteurs qui cherchent un téléphone cellulaire dans les petites annonces peuvent vérifier si l’appareil a été déclaré volé ou perdu. Pour ce faire, ils doivent entrer le numéro IMEI de 15 chiffres dans le moteur de recherche de l’Association canadienne des télécommunications sans fil. Ce numéro se trouve dans les réglages de l’appareil ou près de la batterie. Il est possible de composer le *#06# sur la plupart des téléphones pour obtenir le numéro IMEI.

Consultez le site de l’Association canadienne des télécommunications sans fil