Pendant que Pauline Marois célébrait sa victoire le 4 septembre 2012, des techniciens de scène ont été les victimes d’un tireur laissé sans surveillance à l’arrière du Métropolis. Malgré des menaces « imminentes » contre la cheffe péquiste, les forces de l’ordre n’ont pas renforcé la sécurité ce soir-là, a plaidé jeudi l’avocate des survivants.

« Les policiers de la Sûreté du Québec [SQ] et du Service de police de la Ville de Montréal [SPVM] ont commis des fautes d’une gravité sans précédent lors de la soirée électorale de 2012 », a souligné d’emblée MVirginie Dufresne-Lemire, lors de ses plaidoiries, dernière étape du procès civil intenté par quatre survivants de l’attentat.

Guillaume Parisien, Jonathan Dubé, Audrey Dulong-Bérubé et Gaël Ghiringhelli réclament chacun 175 000 $, plus 120 000 $ en dommages punitifs, à la SQ et au SPVM en raison de la sécurité déficiente déployée pour protéger le rassemblement du Parti québécois.

Alcoolisme, choc post-traumatique, drogue : les survivants ont témoigné vivre un cauchemar depuis que Richard Henry Bain a ouvert le feu devant eux, tuant leur ami Denis Blanchette et blessant gravement Dave Courage. « Dix ans de vie gâchée », a résumé MDufresne-Lemire.

L’avocate a décortiqué jeudi le déploiement des policiers. La preuve est claire : il n’y avait personne derrière le Métropolis. Seuls deux véhicules du SPVM se trouvaient dans le secteur, et tous les agents de la SQ étaient à l’intérieur de la salle, sauf une poignée à l’avant.

Ainsi, le SPVM n’a pas respecté la « demande d’assistance » de la SQ et n’a attitré aucun policier au Métropolis, selon MDufresne-Lemire. « Personne n’était au courant qu’une demande d’assistance avait été faite par la SQ », a-t-elle plaidé.

Une menace « particulièrement inquiétante »

Un rapport gardé secret par la SQ pendant une décennie a permis d’apprendre au procès que Pauline Marois avait été visée par six menaces le jour du scrutin. Or, aucun policier de la SQ – même l’auteur du rapport – n’en gardait un souvenir. Le juge Philippe Bélanger a alors sommé la SQ de lui donner les détails de ces menaces.

On apprend aujourd’hui que la première menace, impliquant une arme à feu sur les réseaux sociaux, était « objectivement sérieuse » et « particulièrement inquiétante », selon MDufresne-Lemire.

« Cette menace était réelle, elle était imminente, et n’a pas été prise en compte par personne », a-t-elle insisté.

De plus, il s’avère que les responsables de la sécurité de Pauline Marois et des services de renseignement de la SQ ont probablement été mis au courant d’au moins trois menaces contre la première ministre, même s’ils ont dit le contraire devant le juge. « On se pose de sérieuses questions quant à leur témoignage », a lancé MDufresne-Lemire.

Dans sa plaidoirie, amorcée en fin de journée, l’avocat de la Ville de Montréal a soutenu que le SPVM avait déployé une « attention spéciale » en plus de positionner une voiture de patrouille aux abords du Métropolis. Les plaidoiries se poursuivront vendredi.