Les deux auteurs d’un « contrat de chaise roulante » d’une extrême violence commis devant un couple de personnes âgées ont été condamnés à huit ans et deux mois de détention, mercredi. Alors que la violence par arme à feu fait rage à Montréal, la « dissuasion » doit primer dans l’imposition de la peine, a insisté le juge André Vincent.

« Mon os est sorti par là, et ça continue ici », mime Roberto Celli en montrant aux journalistes une vilaine cicatrice sur sa jambe. « J’ai de la misère à travailler trois heures sans faire de la physio », se désole celui qui a subi huit opérations en deux ans.

C’est un miracle que Roberto Celli puisse marcher aujourd’hui, après avoir reçu cinq balles dans les jambes en avril 2019. Cet attentat commis de sang-froid par Jonathan Tshinkenke a été immortalisé par une caméra de surveillance dans un stationnement de la rue Notre-Dame. Le tireur avait attiré sa proie en prétextant vouloir louer un local de musique. Le but était clair : tirer dans les jambes sans tuer sa victime.

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Roberto Celli, victime

« En visionnant la vidéo, il est ahurissant de voir avec quelle désinvolture Tshinkenke s’approche lentement de la victime avant de sortir une arme à feu et tirer sur la victime, et ce, malgré la présence à proximité d’un couple de personnes âgées », a souligné le juge Vincent.

Encore aujourd’hui, on ignore pourquoi Roberto Celli a été ciblé par Jonathan Tshinkenke et son chauffeur, Emmanuel Charbonneau, dans le cadre de ce « contrat de chaise roulante ». Selon le procureur de la Couronne, MPhilippe Vallières-Roland, cet attentat a « toutes les marques du crime organisé ». Il insiste pour clamer l’innocence de la victime.

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Emmanuel Charbonneau (à droite) s’est caché le visage devant les journalistes.

Le mois dernier, les deux hommes ont été déclarés coupables de voies de fait graves, d’avoir déchargé une arme à feu avec intention et de possession d’une arme à feu à autorisation restreinte chargée. La Couronne réclamait dix ans d’emprisonnement, alors que la défense demandait cinq ans de prison.

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Emmanuel Charbonneau (à gauche) à la dernière audience

Le juge Vincent n’a toutefois relevé aucun facteur atténuant en faveur des deux hommes – dont la responsabilité est égale – et de nombreux facteurs aggravants, dont le « haut degré » de préméditation. L’utilisation d’une arme à feu à autorisation restreinte a également été soulignée.

« Actuellement, la société subit une recrudescence d’actes violents commis à l’aide d’arme à feu, laissant un sentiment d’insécurité dans la population. L’élément ‟dissuasion” du prononcé d’une peine prend ici toute sa signification », a affirmé le juge.

« On est très satisfait de la peine. Oui, on demandait 10 ans. Mais on pense que ça envoie un message fort », a commenté MVallières-Roland.

« Ça s’en vient flagrant, la violence par arme à feu, il faut commencer à sévir plus sévèrement. C’est un problème avec notre société. Le monde coupable doit commencer à payer le prix », a réagi la victime.