« Même si je n’étais pas présente sur place en cette matinée de mars, malgré le temps écoulé, je me réveille aussi souvent au milieu de la nuit par des sons de coups de feu qui résonnent bruyamment dans mes rêves ».

Ces mots ont été écrits par la sœur de Lorenzo Giordano, un membre influent de la mafia montréalaise tué le premier mars 2016 par Dominico Scarfo.

Ce dernier a été récemment reconnu coupable par un jury des meurtres de Giordano et d’un autre lieutenant de la mafia, Rocco Sollecito, lui aussi abattu en 2016.

Une première partie des observations sur la peine a eu lieu jeudi matin, au palais de justice de Montréal, et seule une lettre de la sœur de Giordano, rédigée en français, a été déposée par la poursuite et lue par la procureure MMarie-Christine Godbout.

PHOTO FOURNIE À LA PRESSE

Lorenzo Giordano lors de son incarcération qui a suivi l’opération Colisée.

Giordano a été assassiné de plusieurs projectiles d’arme à feu alors que la voiture dans laquelle il était passager venait de s’immobiliser dans le stationnement d’une salle de conditionnement physique de Laval.

Selon la théorie de la poursuite, il a été tué dans le cadre d’un conflit entre la faction sicilienne de la mafia montréalaise et le clan calabrais des frères Scoppa.

PHOTO FOURNIE PAR LA SÛRETÉ DU QUÉBEC

Dominico Scarfo a été récemment reconnu coupable par un jury des meurtres de Giordano et d’un autre lieutenant de la mafia, Rocco Sollecito, lui aussi abattu en 2016.

Un ancien tueur à gages de la mafia, devenu agent civil d’infiltration pour la Sûreté du Québec, a compromis Scarfo en l’enregistrant à son insu à l’été 2019.

Mort de douleur

Les membres de la famille Sollecito ont refusé de témoigner, mais la sœur de Giordano, dont le nom est couvert par un interdit de publication, a agi comme porte-parole de sa famille.

« Je ne connais pas le meurtrier et je ne veux pas le connaître. J’ai peur de lui et je crains pour la sécurité de ma famille. À repenser son geste monstrueux, il nous fait peur. De plus, lorsque j’ai vu sa photo dans le journal, le regard dans ses yeux de glace me convainc qu’il peut tuer encore, car pour lui, la vie humaine, de toute évidence, n’a aucune valeur », a écrit la femme, dénonçant un geste « traitre » commis contre « une personne sans défense ».

« Mon pauvre papa s’est laissé mourir, envahi par la douleur de la grande perte de son fils. Ma maman ne sort plus de chez elle et vit toujours dans le désarroi, sans comprendre comment tellement de haine et de cruauté peuvent exister dans un être humain pour en arriver à tuer un autre être humain sans aucun remords », a ajouté la sœur du défunt mafioso.

Lorenzo Giordano venait à peine de sortir du pénitencier lorsqu’il a été tué en 2016. Il avait été condamné à 15 ans d’emprisonnement après avoir été arrêté dans l’historique opération Colisée par laquelle la Gendarmerie royale du Canada a décapité le clan Rizzuto en novembre 2006.

Sa sœur en a fait brièvement mention dans sa lettre.

« Lorenzo était en paix avec lui-même, car il était conscient d’avoir payé le prix fort pour sa dette envers la société avec des années de prison », a-t-elle écrit.

MMarie-Christine Godbout a annoncé que les intentions de la poursuite étaient de demander pour Scarfo la sentence prévue pour un meurtre au premier degré, soit une peine d’emprisonnement à perpétuité sans admissibilité à une libération conditionnelle avant 25 ans. Elle va demander la même peine pour les deux chefs de complot pour lesquels Scarfo a également été reconnu coupable.

L’avocat de Scarfo est MLuc Trempe et la cause est présidée par le juge Michel Pennou de la Cour supérieure.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.