Condamnée en février à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 12 ans, Marie-Josée Viau a échoué dans sa tentative d’obtenir un arrêt du processus judiciaire et d’être libérée des accusations portées contre elle.

À l’issue d’un procès devant jury qui a duré plusieurs mois, Marie-Josée Viau a été reconnue coupable de complot et des meurtres au deuxième degré des frères Giuseppe et Vincenzo Falduto, assassinés par un tueur à gages de la mafia dans le garage de la femme de 47 ans et de son conjoint, Guy Dion, à Saint-Jude, près de Saint-Hyacinthe, en juin 2016.

CAPTURE D’ÉCRAN TIRÉE D’UNE VIDÉO DÉPOSÉE EN COUR

Marie-Josée Viau en salle d’interrogatoire peu après son arrestation par les enquêteurs de la Sûreté du Québec, le 16 octobre 2019

Mais avant d’être reconnue coupable, elle avait présenté une « requête en arrêt des procédures » que le juge Éric Downs, de la Cour supérieure, a décidé d’entendre après le procès.

Viau et Dion ont été arrêtés en 2019 à l’issue d’une importante enquête de la Sûreté du Québec (SQ) baptisée Préméditer, au cours de laquelle le tueur à gages, devenu agent civil d’infiltration (ACI) pour la police, a enregistré le couple à son insu.

Mais l’ACI, qui souffre de problèmes de santé mentale, n’a pas été facile à maîtriser pour les enquêteurs de la SQ. Son long témoignage durant le procès a également été ponctué de sautes d’humeur mémorables.

Aucun manquement grave

Dans son imposante requête, l’avocate de Marie-Josée Viau, MMylène Lareau, affirmait que la collaboration entre l’État et l’ACI avait été marquée par de nombreux abus de procédure. Elle demandait l’exclusion de tout élément de preuve issu de la participation de l’ACI à l’enquête, dont les enregistrements, et son témoignage lors du procès.

La criminaliste soutenait notamment que les enquêteurs n’avaient pas suffisamment corroboré les dires de l’ACI, que la confession de ses crimes à la police (« déclaration de vie ») était incomplète, que l’ancien tueur à gages aurait dû être considéré comme un délateur plutôt qu’un ACI, que des autorisations n’auraient jamais dû être accordées, que la police l’avait laissé commettre des infractions durant l’enquête et que mettre sous contrat un tel individu, avec des problèmes de santé mentale, « était abusif ».

« Malgré sa personnalité difficile et volatile, l’ACI représentait la clé d’accès au crime organisé italien pour aider à la résolution de six meurtres », écrit le juge Downs dans son jugement étoffé de 112 pages.

Au risque de recourir à une formule surannée, on ne peut infiltrer le crime organisé traditionnel italien avec un enfant de chœur, non plus que le crime organisé contracte avec un enfant de chœur pour commettre des meurtres.

Le juge Éric Downs, de la Cour supérieure, dans son jugement

« La preuve en l’espèce, tant au niveau du rôle de la Sûreté du Québec que du rôle du DPCP [Directeur des poursuites criminelles et pénales], ne révèle aucun manquement ou action d’une gravité telle qu’il y a atteinte à l’équité du procès de l’accusée ou qui serait de nature à choquer la collectivité en portant atteinte à l’intégrité du système judiciaire. »

« Le Tribunal considère que la collaboration de l’ACI, bien qu’imparfaite, a servi et sert les intérêts de la société », conclut le juge, selon qui il est « toutefois souhaitable que l’État garde un œil ouvert sur les agissements de l’ACI et maintienne un filet de sécurité pour sa propre protection et celle du public ».

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.