Aux prises avec une augmentation fulgurante des disparitions en forêt depuis quelques années, la Sûreté du Québec (SQ) augmente sensiblement ses ressources vouées aux opérations de recherche et sauvetage, afin de maintenir sa capacité à répondre rapidement à de telles situations partout en territoire québécois.

« À travers l’histoire, on n’a jamais eu autant de gens formés et équipés pour des opérations de recherche et sauvetage », explique le directeur général adjoint Patrick Bélanger, responsable de la surveillance du territoire, en marge de l’étude des crédits budgétaires à l’Assemblée nationale.

La SQ a été critiquée récemment pour la façon dont elle avait mené les recherches dans le dossier des sœurs Romy et Norah Carpentier, tuées par leur père après une fuite en forêt il y a bientôt deux ans. Des policiers à la retraite ont dénoncé en entrevue à Radio-Canada ce qu’ils décrivent comme un manque d’effectifs et de la désorganisation, poussant la coroner chargée du dossier, MSophie Régnière, à demander un complément d’investigation. Les élus sont revenus sur le sujet lors de l’étude des crédits. Les pompiers de Saint-Apollinaire ont aussi déclaré publiquement qu’ils avaient offert leur aide pour retrouver les fillettes, mais que la police n’en avait pas voulu.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Patrick Bélanger, directeur général adjoint, dans le centre de contrôle de la Sûreté du Québec

La direction du corps policier dit avoir tiré des leçons de cette triste affaire, notamment sur l’importance d’alerter le plus vite possible la population lors du déclenchement des recherches. Mais elle nie vigoureusement avoir manqué d’effectifs. Toutes les ressources nécessaires étaient en place, réplique Patrick Bélanger. Ce dernier affirme que certaines critiques ont été dures à avaler pour les policiers impliqués dans l’opération.

« Ces gens-là ont travaillé très fort. Tous nos gens déployés là n’avaient qu’un désir, retrouver les gens. Il n’y a pas un humain qui aurait été insensible à cette situation, avec deux enfants potentiellement à risque. Oui, les critiques ont été difficiles pour nos membres qui ont travaillé si fort », dit-il, en soulignant que le dossier des fillettes Carpentier concernait un fugitif qui cherchait à éviter les policiers et qui aurait pu être dangereux, plutôt qu’un simple citoyen perdu en forêt souhaitant être retrouvé.

Opérations de recherche en hausse

Malgré tout, les ressources vouées aux opérations de sauvetage sont en train d’être augmentées au sein de la SQ, pour la simple et bonne raison que le nombre d’opérations de ce type est en hausse constante ces dernières années, observe le directeur général adjoint. De 180 opérations de recherche en 2018, on est passé à 428 en 2021.

L’augmentation substantielle des dossiers de recherches et de disparitions fait en sorte qu’on n’a pas le choix de s’ajuster.

Patrick Bélanger, directeur général adjoint de la Sûreté du Québec

La police attribue la hausse en partie à l’augmentation des dossiers de santé mentale, qui se traduit par une hausse des cas de citoyens en détresse qui disparaissent dans les bois, mais aussi à la popularité des activités de plein air qui poussent des gens à s’aventurer de plus en plus loin en quête de sensations fortes.

Le nombre de policiers formés, équipés et prêts à être déployés rapidement pour les opérations de sauvetage est passé de 72 à 125 à travers le territoire, et ce nombre pourrait encore augmenter. Une équipe spéciale de huit agents postés en Abitibi, sur la Côte-Nord et au Lac-Saint-Jean est aussi spécialement chargée d’entamer les recherches dans le Nord en cas de disparition, en attendant que le gros des troupes monte du Sud pour se joindre à eux.

Trois maîtres-chiens doivent s’ajouter bientôt aux 16 déjà en fonction. Le nombre de coordonnateurs en recherches terrestres, des « super-spécialistes » selon M. Bélanger, est passé de deux à quatre, pour que la police ne soit jamais à découvert si l’un d’eux part en vacances.

Le directeur général adjoint remarque que malgré la difficulté de la tâche, les volontaires ne manquent pas.

« On a des passionnés, des gens extrêmement dévoués à la mission, efficaces, beau temps, mauvais temps. Il y a des moments où ils ne l’ont pas facile, dans des bois extrêmement denses, à chercher des indices. Mais ils répondent toujours présents », dit-il.