L’ex-avocat Samuel Beaugé-Malenfant a été déclaré coupable de voyeurisme et de production de pornographie juvénile jeudi au palais de justice de Montréal. L’ancien entraîneur de hockey avait dissimulé une caméra espion dans la salle de bain pour filmer à leur insu trois adolescents qu’il avait invités dans un chalet.

Alors que son procès devait se poursuivre jeudi, Samuel Beaugé-Malenfant a plutôt décidé d’admettre les faits dans ce dossier, ce qui a amené le juge Érick Vanchestein à le déclarer coupable de deux chefs. Le voyeur risque maintenant une peine de prison minimale d’un an, dont il entend contester la constitutionnalité.

Le Montréalais de 29 ans s’en tire toutefois à bon compte, puisqu’il faisait face au départ à 38 chefs d’accusation de voyeurisme, de possession et de production de pornographie juvénile et de contacts sexuels avec deux enfants âgés de 14 ans. Il était accusé d’avoir filmé une vingtaine d’adolescents à leur insu en 2017 et 2018, alors qu’il était entraîneur de hockey dans des écoles secondaires à Roxboro.

Or, presque tous les chefs sont tombés lorsque le juge Vanchestein, en novembre dernier, a exclu la preuve saisie dans ses appareils électroniques, de même que sa déclaration aux policiers, en raison d’une atteinte à ses droits constitutionnels. Samuel Beaugé-Malenfant a été privé du droit de contacter un avocat sans délai en devant attendre pendant 42 minutes une dépanneuse à la suite de son arrestation. Un délai « injustifiable », selon le juge.

Évènements dans un chalet

Il ne restait donc que trois chefs d’accusation liés aux évènements survenus dans un chalet à Orford en août 2018. C’est donc pour deux de ces chefs qu’il a admis sa responsabilité.

Samuel Beaugé-Malenfant avait invité à son chalet familial un couple et leurs trois garçons de 11, 13 et 17 ans. Le voyeur connaissait cette famille depuis quelques années, puisqu’il avait été l’entraîneur de hockey de l’aîné dans l’ouest de Montréal.

Pour filmer les organes génitaux des adolescents, Samuel Beaugé-Malenfant avait installé un radio-réveil muni d’une caméra espion dans la salle de bain de l’étage. L’appareil était même soulevé par du papier de toilette pour être à la hauteur parfaite pour filmer les parties génitales d’une personne debout devant la toilette. Le criminel disait par ailleurs aux enfants que la toilette du sous-sol était brisée.

L’étrange emplacement de ce radio-réveil dans la salle de bain a attiré les soupçons de la mère, d’autant plus que Samuel Beaugé-Malenfant allait au petit coin chaque fois que l’un des membres de la famille venait d’y aller. Le voyeur prenait d’ailleurs soin de replacer le radio-réveil en direction de la toilette quand un objet obstruait la vue.

Préoccupée, la mère découvre qu’un tel modèle de caméra espion est en vente sur Amazon pour une trentaine de dollars. Le père saisit alors le radio-réveil pour éviter que sa famille soit de nouveau filmée. Une dispute éclate entre le père et Samuel Beaugé-Malenfant, ce qui incite les parents à communiquer avec le 911.

CAPTURE D’ÉCRAN DU SITE AMAZON.CA

Le radio-réveil trouvé par les invités de Samuel Beaugé-Malenfant ressemblait à celui-ci, avec vision nocturne, détecteur de mouvements et écran de visionnement.

Les policiers ont retrouvé dans la caméra cachée 34 vidéos, dont 6 constituent de la pornographie juvénile. Sur les autres vidéos, on peut notamment voir le voyeur en train d’ajuster la caméra et de tester l’angle de visionnement.

MAmélie Rivard représente le ministère public, alors que MMaxime Chevalier défend l’accusé. Le dossier sera de retour en cour en juin prochain en vue des observations sur la peine.