(Québec) L’avocat du tueur au sabre du Vieux-Québec a fait référence plusieurs fois en contre-interrogatoire à l’expérience d’un expert de la Couronne, lequel avance que Carl Girouard n’était pas victime d’un délire au moment de tuer deux innocents.

« Avez-vous vu ça souvent, un délire de mission dans votre courte carrière ? », a demandé l’avocat de la défense Pierre Gagnon au neuropsychologue William Pothier.

MGagnon a aussi mentionné au détour d’une autre question la « jeune pratique » de l’expert de la Couronne, lors d’un contre-interrogatoire corsé au palais de justice de Québec.

« J’ai déjà rencontré des patients qui avaient ce type de délire. Combien de fois c’est difficile à dire », a répondu le DPothier.

« Je vous suggère que c’est tellement rare que M. Girouard c’était le premier ? », a répondu l’avocat du tueur, dans ce qui semblait une façon de suggérer que l’expert ne serait pas en mesure de reconnaître un « délire de mission » s’il en voyait un.

Le neuropsychologue qui a passé près de sept heures avec l’accusé arrive à une conclusion qui met à mal la thèse de la défense. Selon lui, Carl Girouard n’était pas en psychose et victime d’un délire lors de sa virée macabre.

Il s’agit plutôt d’un narcissique évitant, avec des traits antisociaux, qui avait échafaudé un plan meurtrier pour se mettre en valeur.

« On n’a pas d’indice dans le profil d’un trouble psychotique », conclut le neuropsychologue, qui a fait passer deux tests psychologiques au tueur, le Rorschach et le MMPI 2.

En contre-interrogatoire, l’expert de la Couronne a toutefois indiqué que « ce ne sont pas des tests diagnostics, il faut se garder des réserves, ce n’est pas la science infuse, ça reste une question de probabilité ».

L’expert de la défense, le psychiatre Gilles Chamberland, a quant à lui conclu que Girouard est un schizophrène victime d’un délire grandiose nourri par les jeux vidéo. Il ne pouvait selon lui distinguer le bien du mal. Les jurés vont aussi entendre cette semaine le psychiatre Sylvain Faucher, autre expert de la Couronne.

Rappelons que l’état mental de l’accusé est au cœur des débats. Girouard a reconnu avoir tué deux passants et en avoir blessé cinq autres le 31 octobre 2020 dans le Vieux-Québec. Mais il plaide la non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux.