Détenu depuis 2016, un importateur de cocaïne a été condamné à huit ans d’emprisonnement, la semaine dernière, mais a été libéré le lendemain, parce que sa peine était purgée.

Jaime Flores, 56 ans, avait été arrêté à l’issue d’une enquête de la Gendarmerie royale du Canada baptisée Cendrier et qui visait des trafiquants de cigarettes et des importateurs de cocaïne.

Il avait été piégé par le responsable d’une équipe de camionneurs qui était en réalité un agent civil d’infiltration (ACI) de la GRC. Même les camionneurs qui faisaient des voyages aux États-Unis et que cette taupe embauchait étaient en réalité des agents de la Drug Enforcement Administration (DEA).

Flores a plaidé coupable à des chefs de tentative d’importation de 52 kg de cocaïne et de 75 kg de cocaïne arrivant respectivement de Houston, au Texas, et de Los Angeles, en Californie, et de non-respect de conditions.

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Jaime Flores en 2014

PHOTO FOURNIE PAR LA GRC

Une partie de la cocaïne saisie par les policiers.

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Il y avait un signe de dollar sur certains paquets saisis par les policiers.

Le juge Marco Labrie, de la Cour du Québec, l’a condamné à 8 ans, mais puisque la détention préventive est de 5 ans et 4 mois et que chaque journée compte pour une journée et demie, pour un total de 8 ans et 29 jours, il ne restait à Flores qu’une journée à purger.

Le juge Labrie a entériné une suggestion commune de la poursuite – représentée par MGuillaume Lemay et MSabrina Delli Fraine – et de la défense, représentée par MJean-Pierre Sharpe.

Une taupe indisciplinée

Pour en arriver à cette décision, le magistrat a tenu compte de plusieurs facteurs, notamment des conditions de détention difficiles à l’Établissement de détention de Montréal en raison des mesures sanitaires, mais également d’inconduites alléguées de l’État dans l’encadrement de l’ACI.

Celui-ci aurait entre autres fait de la contrebande de tabac sans l’autorisation des policiers à trois reprises durant l’enquête, alors qu’il était agent civil d’infiltration.

La défense avait d’ailleurs présenté une requête en arrêt du processus judiciaire avec un volet de provocation policière, mais le juge l’a rejetée, concluant qu’une réduction de peine significative serait la réparation appropriée.

Fait à noter, au moment où il a été arrêté dans le cadre du projet Cendrier en 2016, Jaime Flores devait respecter des conditions et était en attente d’être jugé pour importation de cocaïne après avoir été appréhendé en 2014 dans une importante enquête de la GRC appelée Clemenza, et dans laquelle les enquêteurs avaient ciblé les clans de la mafia montréalaise qui avaient pris la relève des Rizzuto, affaiblis après l’opération Colisée en 2006.

Comme une quarantaine d’autres accusés de Clemenza, Flores a bénéficié d’un arrêt du processus en 2017.

Recherché dans le projet Clemenza en 2014, Flores n’avait été arrêté qu’un an et demi plus tard, en janvier 2016, en Équateur, après avoir présenté un faux passeport.

Jaime Flores a plusieurs antécédents judiciaires, dont une peine de neuf ans pour complot et trafic de substances imposée au début des années 2000 dans un dossier de Cornwall, en Ontario.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.