(Québec) Carl Girouard a reconnu jeudi lors de son contre-interrogatoire qu’il n’entendait pas de voix et n’était victime d’aucune hallucination quand il a attaqué sept passants innocents avec un sabre le soir de l’Halloween 2020 dans le Vieux-Québec.
« Ce n’est pas le diable qui vous a dit d’aller tuer des gens à Québec ? », lui a demandé le procureur de la Couronne, Me François Godin.
« Non », a reconnu le tueur de 26 ans. Il a aussi répondu par la négative quand le procureur lui a demandé s’il entendait des voix ou avait des hallucinations visuelles.
Girouard a continué d’affirmer au tribunal qu’il y avait dans sa tête « deux Carl qui se battaient ensemble ». Le « mauvais Carl » était obsédé par une « mission » consistant à éliminer des gens avec un sabre. « C’était un devoir », a répété l’accusé au deuxième jour de son témoignage.
La Couronne a continué de chercher des failles dans la défense de non-responsabilité pour cause de troubles mentaux. Me Godin a insisté sur le haut degré de préparation du tueur de Sainte-Thérèse, qui a mijoté son plan de l’âge de 17 ans jusqu’à son exécution, alors qu’il avait 24 ans.
« Pourquoi ne pas avoir tué des gens dans le Vieux-Montréal ? », a demandé le procureur. « Pourquoi conduire trois heures pour aller à Québec ? »
Mystère autour des tatouages
La Couronne a aussi rappelé que l’homme aurait fait recouvrir deux tatouages dans son dos afin d’être « pur » au moment de passer à l’acte. Il s’est d’abord soumis « pendant des mois » à des séances au laser infructueuses, avant de simplement faire recouvrir les tatouages.
Me Godin lui a fait remarquer qu’il avait eu le temps de penser en long et en large aux gestes qu’il s’apprêtait à faire durant ces séances au laser. « C’est difficile pour moi de me remettre dans la tête du Carl de la mission », a indiqué celui qui est accusé de deux meurtres au premier degré et de cinq tentatives de meurtre.
Me Godin n’a toutefois pas demandé à Girouard ce que représentaient ses tatouages à l’origine, et le mystère reste entier.
Le procureur a aussi voulu savoir quand « le bon Carl » avait finalement pris le dessus. Après ses crimes, Girouard a dit avoir immédiatement réalisé la futilité de sa « mission ». Il a toutefois gardé le silence pendant cinq longues heures lors de son interrogatoire par la police tout de suite après ses meurtres. Les policiers qui ont procédé à son arrestation ont raconté qu’il semblait calme et en pleine possession de ses moyens.
« Le bon Carl est revenu quand je suis arrivé en détention et que j’ai pleuré pour la première fois », a-t-il indiqué au tribunal.
La Couronne défend la thèse selon laquelle Girouard était en possession de ses moyens au moment de tuer deux innocents dans le Vieux-Québec, qu’il cherchait par ces crimes à se donner de l’importance et voulait être un « agent du chaos ».
Le psychiatre Gilles Chamberland, expert de la défense, doit témoigner vendredi.