Un ancien manifestant du printemps érable vient d’intenter une poursuite au civil pour 122 500 $ contre la police et Stéfanie Trudeau, aussi connue sous le nom de « matricule 728 ». Dix ans plus tard, il les accuse respectivement de l’avoir tabassé et aspergé de poivre de Cayenne.

Olivier Grondin, qui avait 22 ans à l’époque, déplore avoir été victime « de nombreux cauchemars, des crises de panique et des vomissements, en plus d’un sentiment général d’anxiété » dans les jours et semaines suivant les évènements décrits dans sa poursuite.

Le 26 avril 2012, l’étudiant en création littéraire à l’UQAM dit avoir pris part à une manifestation durant laquelle des officiers du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) « dispersaient du gaz irritant à l’aide de projectiles explosifs ». Un groupe de policiers lui aurait asséné des frappes directes avec l’embout de leur matraque après avoir tenté plusieurs manœuvres de dispersion, relate-t-il.

M. Grondin, qui a pris part à une centaine de manifestations étudiantes selon le document de cour, aurait répliqué en demandant aux agents de la paix leurs numéros de matricule. Ce à quoi l’un deux lui aurait rétorqué « Criss ton camp sinon, je te mets en état d’arrestation ».

De son dire, l’étudiant a plutôt continué à demander les numéros de matricule des policiers. Devant cette attitude, « il reçoit un coup de pied directement dans son flanc droit, ainsi qu’une série de coups de matraque et de pieds qui atteignent son dos, ses bras et sa tête », selon la poursuite.

Matricule 728

Le 20 mai 2012, encore une fois lors d’une manifestation du printemps érable, Olivier Grondin raconte avoir été aspergé de poivre de Cayenne par la policière Stéfanie Trudeau. Le document de poursuite explique que cette dernière « a saisi son aérosol capsique et l’a déchargé en visant directement [le visage du jeune homme] à moins d’un mètre de distance et sans avertissement préalable ».

L’étudiant venait de voir la policière bloquer le chemin puis « repousser violemment » une jeune femme qui lui disait vouloir passer pour retourner chez elle, dit-il. Il aurait crié pour attirer l’attention de Stéfanie Trudeau, dont le bras « s’élançait pour frapper la jeune femme ».

« Si tu veux en crisser des coups, je suis capable d’en manger », a lancé Olivier Grondin à l’employée du SPVM, après s’être frappé de façon « violente » au visage à deux reprises. C’est à ce moment qu’il a été visé.

Certains de ces faits sont d’ailleurs observables dans une vidéo YouTube cumulant près de 800 000 visionnements. Cette vidéo a été « reprise en boucle pour illustrer la brutalité policière et pour commenter les nombreuses frasques judiciaires et médiatiques de la policière Trudeau », souligne le document officiel.

Cette poursuite, dans laquelle Grondin demande un montant pour dommages-intérêts à la Ville de Montréal, doit maintenant passer en chambre civile de la Cour supérieure.