Égrainant pratiquement une à une chacune des déclarations que la victime a faites à quelques reprises à la police dans les jours suivant l’agression dont elle a été victime, la Défense a soulevé des contradictions, au 2jour du procès de Nicola Spagnolo.

Spagnolo, 47 ans, un individu lié à la faction sicilienne de la mafia montréalaise selon la police, subit depuis mardi à Montréal un procès devant juge seul pour voies de fait graves.

Dans la nuit du premier au 2 août 2020, près du bar Boho de la rue Saint-Paul, dans le Vieux-Montréal, il aurait poignardé dans les côtes un client de l’établissement, à la suite d’une dispute.

Mardi, ce client, un homme de 29 ans dont on doit taire l’identité, a raconté être sorti fumer à l’extérieur peu avant la fermeture du bar et avoir commencé à discuter avec un couple qui parlait, appuyé sur un mur.

Si la conversation a été cordiale au début, elle a dégénéré lorsque le jeune homme a commencé à parler avec la femme. Selon sa version, l’homme lui a dit « de se fermer la gueule », puis le ton a monté. Les deux se sont insultés jusqu’à ce que l’homme le poignarde dans le flanc gauche.

La victime a tenté de retourner dans le bar, en vain, et a couru vers la rue Notre-Dame où un couple lui a porté secours.

Le jeune homme a précisé avoir été en état d’ébriété au moment du drame et avoir été prêt à en venir aux coups, comme son agresseur, croit-il.

Faux souvenirs

L’identification de l’agresseur est au cœur du procès qui doit durer quelques jours.

La victime en a fait une description mardi, en plus de raconter la trame des évènements.

L’avocate de Spagnolo, MDanièle Roy, a confronté la victime avec plusieurs déclarations qu’elle a faites à quelques reprises aux policiers dans les jours et semaines suivant le crime.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

L’avocate de Nicola Spagnolo, MDanièle Roy.

Elle a notamment souligné que la victime décrit son agresseur comme ayant les cheveux « rasés en pics » et qu’il portait une chemise blanche à manches longues.

Elle a aussi relevé qu’à certains moments, le jeune homme a dit que ses amis étaient toujours dans le bar où moment des évènements et à d’autres, qu’ils avaient quitté. Certaines fois, il a dit avoir traversé la rue Saint-François-Xavier et à d’autres fois, non. Il a aussi déclaré qu’il ne se souvient plus à quelle distance du bar l’agression est survenue.

« Pour connaître la vérité, on doit se référer à vous ou à vos amis ? », a demandé la criminaliste, provoquant l’intervention du juge Yves Paradis de la Cour du Québec.

« Vos souvenirs ne semblent pas très clairs, monsieur. Est-ce que je me trompe ? », a-t-elle aussi lancé plus tard, évoquant le fait que la victime avait peut-être de « faux souvenirs ».

Au début du contre-interrogatoire, le jeune homme a déclaré qu’il n’avait pas « envie » de témoigner, mais qu’il le fait quand même. « Je n’ai pas nécessairement envie d’être présent actuellement mais je juge que c’est important de le faire. Je le fais malgré moi », a-t-il expliqué.

Il s’est également dit surpris que les policiers ne soient pas venus le voir plus tôt à l’hôpital. Ils l’ont rencontré la première fois trois jours après l’agression.

La victime témoigne par visioconférence. Elle se trouve actuellement en Asie pour le travail et elle a commencé à être contre-interrogée à 11 h mercredi matin, alors qu’il était 23 h pour elle. Son contre-interrogatoire n’était pas terminé au moment d’écrire ces lignes en début d’après-midi.

La Poursuite est représentée par MMatthew Ferguson.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.