Le jeune homme que Nicola Spagnolo aurait poignardé le 1er août 2020, à la sortie d’un bar du Vieux-Montréal, affirme qu’il a cru mourir cette nuit-là.

Le plaignant de 29 ans, dont on doit taire l’identité en vertu d’un interdit de publication, a été le premier témoin entendu, mardi matin, au premier jour du procès de Spagnolo, 47 ans, un individu relié à la mafia montréalaise accusé de voies de fait graves.

La victime a raconté qu’elle et quelques amis ont décidé de sortir au bar Boho du Vieux-Montréal ce soir-là.

Alors que l’établissement était sur le point de fermer ses portes, le plaignant est sorti pour fumer une cigarette, et a aperçu un homme et une femme qui discutaient, appuyés sur un mur.

Une simple conversation

Admettant qu’il était en état d’ébriété, le jeune homme a dit qu’il a commencé à parler avec l’homme et que tout allait bien au début. Mais lorsqu’il a commencé à s’adresser à la femme, l’homme lui a dit de se « fermer la gueule ».

« Je lui ai répondu que je m’étais adressé à elle avec respect et qu’il devait me parler avec respect. Le ton a monté et on a commencé à s’insulter. Un gars qui semblait travailler au bar est arrivé et m’a dit : “Tu ne veux pas de problème avec ce monsieur. ” Puis l’homme avec lequel je me disputais s’est approché et m’a donné un coup dans les côtes. Je ne l’ai pas réalisé sur le coup et j’ai ensuite vu qu’il venait de me poignarder. Je suis retourné vers la porte du bar, mais il semblait fermé. J’ai couru vers la rue Notre-Dame. Là, deux personnes m’ont aidé et ont appelé les ambulanciers », a décrit le témoin.

« Je me souviens qu’il y avait un monsieur qui m’a mis de la pression sur les côtes. J’ai déchiré ma chemise et je me suis retrouvé torse nu. J’ai vu le sang tomber sur le trottoir et mes souliers, et je réalisais que je perdais beaucoup de sang. J’étais convaincu que j’allais mourir. J’étais rendu à l’hôpital et je n’en revenais pas de m’être fait poignarder. Il m’a poignardé ! Il m’a vraiment poignardé. Je me souviens d’avoir dit ça plusieurs fois », a poursuivi le jeune homme selon qui il ne s’est pas écoulé plus de cinq minutes entre le début de la conversation avec le couple et le coup de couteau.

L’identification au cœur de l’affaire

Le procureur de la poursuite, MMatthew Ferguson, a posé au témoin plusieurs questions sur les vêtements que lui et son agresseur portaient au moment des évènements, et sur la description de ce dernier, un homme que le témoin décrit comme ayant entre 40 et 55 ans, plus grand que lui, pesant plus de 200 lb, ayant les cheveux courts foncés, et portant une chemise blanche à motifs verts et des lunettes.

Il a aussi dit que le suspect tenait son couteau dans la main droite et qu’il l’a frappé dans le flanc gauche.

Il a reconnu Nicola Spagnolo sur une série de photos (« parade d’identification ») que lui ont montrée les policiers quatre jours après les évènements.

Même s’il a reçu le coup sur le côté gauche, les médecins lui ont fait une incision de 30 centimètres sur le flanc droit pour l’opérer aux intestins.

Des vidéos filmées par des caméras de surveillance ont été présentées mardi après-midi.

Le contre-interrogatoire du témoin, qui sera réalisé par l’avocate de Spagnolo, MDanièle Roy, a été reporté à mercredi matin. Pour cette raison, les témoignages et images qui ont été présentés mardi après-midi sont couverts par un interdit de publication.

Le procès, qui est prévu pour environ cinq jours, est présidé par le juge Yves Paradis, de la Cour du Québec.

À l’origine, Spagnolo était aussi accusé de tentative de meurtre, mais il a été libéré de ce chef durant les précédentes procédures.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.