(Montréal) Un homme, serveur dans un bar, qui alléguait avoir été poussé vers la sortie parce qu’il était le seul employé masculin et qu’il était plus âgé, vient d’obtenir gain de cause devant le tribunal.

Le Tribunal administratif du travail a accueilli sa plainte et ordonné au bar de l’indemniser.

L’homme qui avait travaillé pendant 28 ans comme serveur s’était vu retirer un de ses trois quarts de travail, lui qui travaillait normalement les lundis, mardis et mercredis. Le quart du mercredi, qui lui avait été enlevé, constituait 50 % de sa paie, disait-il.

Selon son témoignage, sa patronne lui avait expliqué sa décision en lui disant qu’« il est trop vieux et qu’elle préfère mettre à l’horaire une jeune serveuse pour augmenter les ventes », rapporte la juge administrative Mylène Adler dans sa décision.

La patronne, de son côté, « le nie et affirme avoir seulement indiqué à (l’homme) que ses ventes étaient trop basses et qu’elle voulait augmenter la profitabilité de son commerce », rapporte la juge administrative.

« Désemparé et mécontent », le serveur avait fini par démissionner, en octobre 2019.

Il avait déposé une plainte, arguant un congédiement déguisé, à cause de cette modification substantielle à son horaire de travail, qui avait réduit sa paie.

La juge administrative Adler a estimé qu’« il n’y a pas de preuve prépondérante que le reproche relatif au rendement insuffisant » était fondé.

L’employeur a bien déposé un tableau comparant les ventes durant les quarts de travail de la jeune serveuse et de l’homme plus âgé, mais même si le tableau démontre que la jeune femme faisait davantage de ventes, « il ne fait pas la preuve que celles de (l’homme) étaient insuffisantes au moment où l’employeur décide de lui ôter un quart de travail », tranche le tribunal.

Il ajoute que si l’employeur était insatisfait du rendement de l’employé, il y avait une procédure à suivre : l’en aviser, afin de lui donner une chance de s’amender. Il aurait dû prévenir le serveur du risque de perdre un quart de travail, à défaut d’amélioration au terme d’un délai raisonnable, explique la juge administrative.

Le Tribunal administratif du travail a donc accueilli sa plainte et annulé son congédiement. Il aurait pu ordonner sa réintégration au travail, mais l’homme ne le souhaitait pas et, de toute façon, cela aurait été trop difficile dans une entreprise de six employés, explique-t-il.

Il a ordonné au bar de lui verser, à titre d’indemnité, dans les 10 jours, l’équivalent du salaire et des autres avantages dont l’a privé le congédiement du 22 mai 2019, le tout avec intérêt, à compter du dépôt de la plainte.