Le « patron » d’un large réseau de prostitution pancanadien « excessivement lucratif » a été condamné vendredi à 39 mois de détention. Verdieu Registre Junior, qui s’est mis des centaines de milliers de dollars dans les poches, s’est terré pendant des mois en République dominicaine sous une fausse identité pour fuir la justice.

L’homme de 33 ans, surnommé Lucifer ou Luccy, a plaidé coupable au palais de justice de Montréal à une accusation d’avoir bénéficié d’un avantage matériel provenant de la prestation de services sexuels entre 2016 et 2021 à Montréal. En effet, même pendant la période qu’il a passée dans les Caraïbes, Verdieu Registre Junior a continué à gérer les affaires de son réseau. Il avait réussi à obtenir un passeport sous une fausse identité pour quitter le Québec.

Pas moins de 26 femmes se prostituaient dans ce réseau déployé dans l’Ouest canadien, en Ontario et dans l’État de New York. Verdieu Jr Registre, le « patron », était assisté d’au moins six complices, appelés des bookers. Ceux-ci s’occupaient ainsi de gérer les rendez-vous et les prix des services.

« Il agit comme patron, et ses complices bookers se référeraient à lui pour la prise de décision quant à la gestion de la prostitution. Il détermine, par exemple, les lieux de prostitution, les tarifs […], les horaires de travail. Les complices lui donnent régulièrement des comptes rendus des montants d’argent », indique le résumé des faits.

Les travailleuses du sexe remettaient en partie ou en totalité leurs gains de la prostitution à Verdieu Jr Registre.

PHOTO LA PRESSE

Liasses d’argent saisies lors de l’arrestation de Verdieu Jr Registre

Le Québécois roulait visiblement sur l’or. Des transferts bancaires de dizaines de milliers de dollars ont été retrouvés. Les policiers ont aussi mis la main sur 230 000 $ en argent comptant dans la garde-robe des parents de l’accusé à Saint-Hubert, en plus de saisir l’équivalent de 110 000 $ en bijoux (570 grammes d’or). Le procureur général du Québec tente maintenant de saisir la maison de ses parents.

Dossier particulier

C’est l’enquête Migration, pilotée par l’Équipe intégrée de lutte contre le proxénétisme, dont fait partie le Service de police de la Ville de Montréal, qui a permis d’arrêter l’accusé et ses complices.

La particularité de ce dossier réside dans la participation apparemment volontaire des travailleuses du sexe. « C’est un dossier où il y a absence de preuve de violence ou de contraintes. Ce sont des femmes, selon leurs dires, qui étaient en relation d’affaires. La majorité a refusé de collaborer et de venir témoigner », a expliqué la procureure de la Couronne, MAmélie Rivard.

« C’était leur emploi. Ce n’était pas un réseau de recrutage », a ajouté l’avocat de la défense, MDavid Petranic.

En présentant la suggestion commune, MRivard a insisté sur le « caractère excessivement lucratif » du crime de l’accusé sur les sommes importantes saisies. La procureure a toutefois fait valoir que la reconnaissance de culpabilité de l’accusé permettait d’éviter un procès complexe de quatre mois.

La juge Julie Riendeau a entériné la suggestion commune en imposant 39 mois de prison à l’accusé.

En raison de la détention préventive, calculée à temps et demi depuis avril 2021, la peine de Verdieu Jr Registre est de 21 mois à ce jour, assortie d’une probation de trois ans. Notons que l’accusé a déjà été reconnu coupable d’avoir fait « souffrir inutilement un animal » en 2015.