La fatigue et la pression de 11 jours de délibérations ont eu raison dimanche d’un autre juré qui devait se pencher sur le sort de Dominico Scarfo, accusé des meurtres prémédités de deux lieutenants de la mafia montréalaise commis en 2016.

En début d’après-midi, le juré numéro 6 a remis une note au juge Michel Pennou, de la Cour supérieure du Québec, indiquant « qu’en raison du manque de sommeil et de problèmes de santé », il se sentait « de moins en moins à l’aise de prendre une décision qui pèse si lourd ».

Après avoir reçu la note, le magistrat a demandé leur avis aux procureurs et aux avocats de la poursuite et de la défense, qui ont décidé que le juré devait être excusé.

Le juge Pennou a ensuite libéré le juré et annoncé la nouvelle aux dix autres. Il leur a toutefois offert de prendre congé lundi, mais ceux-ci ont décidé de continuer leurs délibérations en matinée et de prendre l’après-midi seulement.

« Ça fait 11 jours de suite. Parfois, le meilleur moyen de continuer, c’est de prendre une pause. Si cela peut vous aider à avancer et à compléter le travail », leur a dit le juge.

Ce dernier a ordonné au shérif d’organiser une sortie de groupe lundi après-midi et d’en assumer les coûts.

Les délibérations avaient commencé le jeudi 24 mars avec 12 jurés.

La semaine dernière, un premier juré a été libéré après qu’un constable spécial eut entendu une conversation téléphonique personnelle au cours de laquelle un proche a dit au juré que les délibérations « prenaient trop de temps et qu’ils [les jurés] devraient l’envoyer [l’accusé] en prison ».

Des heures de témoignages

Dominico Scarfo, qui est accusé de complot et des meurtres prémédités de Lorenzo Giordano et de Rocco Sollecito, a été trahi par un ancien complice devenu agent civil d’infiltration (ACI) pour la Sûreté du Québec, qui a renoué contact avec lui en 2019 et qui l’a enregistré à son insu.

Au cours des 11 derniers jours, les jurés ont demandé de réentendre le témoignage de l’ACI – qui a duré plusieurs jours –, les témoignages d’autres témoins et les plaidoiries de la poursuite et de la défense. Ils ont aussi une copie des enregistrements, qu’ils peuvent réécouter à leur guise.

Les enregistrements et le témoignage de l’ACI ont constitué le cœur de la preuve du procès qui a duré deux mois. On peut penser qu’ils constituent également le cœur des délibérations.

Dans sa plaidoirie finale, MMarie-Christine Godbout, de la poursuite, a insisté sur le fait que beaucoup d’éléments dans les enregistrements et le témoignage de la taupe de la police ont été corroborés par d’autres témoins et documents.

De son côté, MLuc Trempe, de la défense, a notamment plaidé que le témoignage de l’ACI n’était pas crédible et a invité les jurés à ne pas le dissocier des enregistrements déposés en preuve.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.