Un ex-journaliste sportif montréalais a écopé mercredi d’une sévère peine de 21 mois de prison pour une affaire de violence conjugale particulièrement choquante. Jonah Keri a non seulement battu son ex-femme enceinte à de nombreuses reprises, mais il s’en est aussi pris violemment à un nourrisson.

« [M. Keri] a frappé sa victime sur les genoux, l’a frappée à la tête et sur les oreilles, l’a poussée, l’a traînée au sol, l’a giflée, l’a mordue, lui a craché au visage, lui a donnée un coup de tête, l’a secouée, lui a tiré les cheveux, l’a prise par les épaules en la menaçant de la lancer du balcon. […] Il a pris un couteau et a menacé de retirer le bébé dans son ventre », a énuméré le juge Alexandre Dalmau au début de son jugement au palais de justice de Montréal.

Cette liste à glacer le sang résume seulement en partie les 14 épisodes de violence commis par Jonah Keri en seulement quelques mois en 2018 et en 2019 contre son ex-femme. L’homme violent a également brisé le nez de la victime et a menacé de provoquer un accident d’auto pour les tuer tous les deux, alors qu’il roulait de façon erratique.

À cette époque, Jonah Keri menait une « prolifique » carrière de journaliste sportif spécialisé dans le baseball qui lui permettait de toucher 250 000 $ par année. Il était particulièrement connu aux États-Unis et dans le reste du Canada, puisqu’il collaborait entre autres aux chaînes ESPN et Sportsnet. Il est aussi connu pour un livre sur les Expos de Montréal.

Crimes « trop significatifs»

Le journaliste déchu a toutefois perdu tous ses contrats à la suite de son arrestation. L’été dernier, le Montréalais a plaidé coupable à des accusations de voies de fait, de voies de fait armées, de menaces de mort et de harcèlement à l’égard de son ex-femme, de même qu’à des accusations de voies de fait contre un enfant qu’on ne peut identifier.

Les crimes commis par Jonah Keri sont si graves que le juge Dalmau lui a imposé mercredi une peine bien plus élevée que celle d’au moins 12 mois de prison suggérée par le procureur MBruno Ménard. Son avocat, MJeffrey Boro, a encore moins réussi à convaincre le juge qu’une peine de prison serait inutile en raison de sa réhabilitation.

Les crimes de Jonah Keri sont « trop significatifs » et les circonstances aggravantes, trop « nombreuses » pour privilégier une peine clémente, estime le juge. D’ailleurs, n’eussent été sa reconnaissance de culpabilité, ses remords et son « sérieux » travail de réhabilitation, le juge Dalmau n’aurait « pas hésité » à lui imposer une peine de plus de deux ans d’emprisonnement.

Le juge rappelle que la violence conjugale demeure un problème social « majeur » et que les objectifs de dénonciation sont d’une grande importance à ce sujet. C’est pourquoi il a imposé une peine de 18 mois de prison à Jonah Keri pour les crimes commis contre son ex-femme.

À cette peine s’ajoutent trois mois de détention pour s’en être pris à un bébé. L’ex-journaliste a mordu l’enfant et l’a délibérément laissé tomber sur un meuble. « Il est difficile d’imaginer une catégorie plus vulnérable d’être humain », tranche le juge. Ces deux peines devront être purgées de façon consécutive afin de dénoncer « indépendamment » ces deux crimes, ajoute-t-il.